Depuis quelques années j’ai appris à dire « non ». Je dis bien « appris », car c’est une chose que l’on apprend avec le temps et avec les autres, ce n’est pas inné. J’ai appris à dire non au travail lorsqu’on m’en demande « trop », au copain lorsqu’il se comporte mal, aux amis lorsque leurs demandes dépassent nos liens d’amitiés ou encore à la famille qui abuse de la situation. Cela fait un paquet de « non » ! Mais même si au début cela me faisait peur pour de multiples raisons, par la suite je me suis sentie à la fois délivrée, soulagée mais surtout respectée une fois que j’avais osé le faire.
Alors dire non qu’est-ce que cela implique dans ces différentes parties de nos vies ? Et pourquoi dire non est-il aussi difficile mais tellement bénéfique sur le long terme?
Au travail ou la peur d’être mal vu
Pendant quelques années, j’ai travaillé dans le secteur de l’hôtellerie de luxe en Réception. Des établissements qui ne ferment jamais et qui demandent beaucoup de temps et d’énergie chaque jour, car on sait l’heure à laquelle on arrive au travail mais on ne sait jamais vraiment l’heure à laquelle on part. On est dédié à notre travail, et souvent la vie personnelle est bancale ou quasi-inexistante. Ce milieu appelle une grande disponibilité et réactivité en tout temps et lorsque vous dites « non », vous êtes mal vu. Non à venir travailler sur un jour de congé, non à venir remplacer une personne malade, non à rester 4h de plus car un extra ne s’est pas pointé… La liste est longue, d’autant plus que l’on est obligé de dire « oui » au client, car « non » n’est jamais la bonne réponse. Alors il faut jauger la situation, car l’incapacité de dire non, peut rapidement ou sur le long terme amener au burnout ou autre maladie, et là ce n’est plus votre travail qui se « souciera » de vous quand vous serez chez vous épuisé et incapable de vous remuer… Chaque employeur teste nos limites et peut les repousser aussi loin qu’il le souhaite et que nous le permettons. C’est à nous de les mettre en place et tout de suite pour des relations saines et/ou agréables pour cette activité où l’on passe quand même les trois-quarts de notre temps.
En amour ou la peur de ne pas être aimé
Concernant la relation amoureuse, dire non peut dans un premier temps faire peur. On a peur que l’autre ne nous aime plus, ne s’intéresse plus à nous ou aille voir ailleurs si on refuse de sortir avec ses amis, si on refuse d’essayer telle position au lit ou si on n’est tout simplement pas d’accord avec ses opinions et/ou comportements. Mais réfléchissons, si dire oui peut faire passer la situation en douceur sur le moment, quel impact ce « oui » aura-t-il sur le long terme ? De la frustration, de la peur, enfin tout un ensemble d’émotions négatives qui courra à la perte du couple car il se sera construit sur des leurres. Dire non c’est s’affirmer en tant que personne à part entière, et si l’autre ne comprend pas, s’énerve ou nous met à distance alors c’est que ce n’est juste pas le bon partenaire. Et si cela amène à la dispute alors, c’est un très bon signe! Mais pas trop souvent quand même… Nous avons notre propre personnalité et nous devons connaître nos limites. Si l’autre les accepte et vice versa, alors c’est un très bon tremplin pour continuer et même construire, sinon on se doit de partir!
En amitié ou la peur de ne pas être gentil
L’amitié est censée être une relation avec l’autre qui est naturelle et sans prise de tête. On pense que l’autre connaît nos limites sans même les avoir exprimées et qu’il ne les franchira pas, sinon cela ne peut être un ami. Faux ! Car surprises et déceptions sont aussi au programme. Les situations qui m’ont fait arrêter des amitiés ces dernières années impliquaient l’argent, le nombrilisme, le mensonge ou encore la drague de mon partenaire. Quelques bonnes raisons pour lesquelles dire « non » est une nécessité ainsi que de se défaire de cette relation qui ne nous veut pas du bien. On apprend sur le tas là encore, qu’on drague votre mec ou qu’on vous fasse du chantage avec de l’argent sont bien sûr des situations auxquelles vous ne pouviez pas penser. L’expression mieux vaut être seule que mal accompagnée, prend aussi tout son sens dans ce contexte.
En famille ou la peur de passer pour un(e) égoïste
Les liens du sang ne sont pas une excuse pour toutes sortes d’abus qui vont envers notre personne. Dire non à prêter de l’argent, à garder contact avec un parent ou encore refuser à aller à un événement demande un sacré courage mais aussi une très grande connaissance de soi-même et des membres de sa famille. Car la famille ne nous veut pas forcément du bien, on doit vivre avec mais on doit là aussi imposer des limites une fois partis de la « maison ». Certes, cela créera des tensions, des incompréhensions car vous n’avez peut–être pas été éduqués comme cela, mais tout les bénéfices de ces « non » seront pour vous mais aussi pour eux. La limite c’est à nous de la poser, et elle sera différente pour chacun, car nous avons chacun une histoire différente.
Savoir dire non c’est savoir se respecter et rendre (sûrement) service à la personne que l’on a en face. Le « non » est une affirmation de soi, une prise de confiance et d’estime de soi que seuls nous-mêmes sommes capables de comprendre. Savoir dire non c’est se libérer de nos propres croyances et des attentes de l’autre. Nous vivons pour nous, pas pour les autres. Au travail, en couple, entre amis ou en famille, la seule personne qui nous jugera à la fin de la journée c’est nous, pas les autres. Alors savoir dire non dans les situations qui le demandent, pourrait, sur le long terme, nous rendre à tous un énorme service.