Et si les femmes avaient le droit de vieillir comme les hommes ? d’Amanda Castillo

Il y a une dizaine de jours, le Salon du livre de Genève rouvrait ses portes à Palexpo pour l’édition 2023. En plus d’avoir un programme alléchant, l’accès à ce salon était entièrement gratuit pendant ces quatre jours ! J’ai pris alors congé deux après-midis pour m’y rendre et me perdre entre les différentes expositions, dédicaces et conférences. En plus d’échanger avec des auteurs, journalistes et éditeurs, je suis rentrée chez moi avec des dizaines de bouquins sous le bras, bref ce fût, pendant quelques jours, mon Disneyland à moi…

Vendredi 24 mars à 14h, sur la Scène Bien-Vivre du Salon, Amanda Castillo, journaliste genevoise, présentait son livre : Et si les femmes avaient le droit de vieillir comme les hommes ?.

Cette rencontre faisait partie des rencontres auxquelles je voulais absolument assister. Car la trentaine maintenant bien entamée, il s’avère que j’ai vécu des situations ces derniers mois qui m’ont donné un regard neuf sur mon âge, mais surtout un nouveau regard de la société sur moi. Cela passe par le coiffeur qui, désormais, me propose une couleur au lieu de mon balayage habituel pour couvrir mes cheveux blancs qui se multiplient, à la simple recherche d’une crème hydratante pour le visage, et à ce florilège de crèmes « anti-âge » qui sont vendues dans les rayons des supermarchés. Et je vous passe mes aventures sur les applications de rencontres où je suis likée par des hommes beaucoup plus vieux, ou bien que malgré de nombreux matchs, ceux de mon âge m’ignorent… Mais que se passe-t-il donc à partir de la trentaine pour les femmes ? Eh bien… Amanda Castillo répond brillamment à cette question.

Après les échanges de l’auteure, pendant une petite heure, avec la modératrice Corinne Bloch, je n’avais qu’une envie : acheter ce livre. Chose que j’ai faite, en plus d’avoir eu la chance de pouvoir me le faire dédicacer et d’échanger avec l’auteure!

De quoi cela parle ?

L’auteure partage son essai en deux parties qui sont les suivantes : Leurs regards et Nos vies, ce qui en dit déjà long sur le contenu de l’ouvrage.

Dans la première partie, elle décortique ce que l’on consomme dans nos sociétés occidentales à longueur de journée via la publicité, le cinéma, les séries et les livres en termes de relations hommes-femmes. De Léonardo Dicaprio dont les petites amies ne dépassent jamais l’âge de 25 ans, à l’âge effectif des actrices sur les petits et grands écrans quand elles interprètent des mères (ex : dans le film Alexandre, Angelina Joli joue la mère de Colin Farrell, alors que dans la vraie vie Angelina n’a qu’une année de plus que son partenaire…) jusqu’aux « conseils » d’influenceuses pour rester jeune et séduisante à tout âge auprès de son partenaire… Ou bien simplement la création et l’utilisation de ces filtres sur les applications pour avoir un visage « parfait », pourquoi existent-ils? A qui sont-ils destinés le plus: les hommes ou les femmes? Et les conséquences que cela implique.

En plus d’expliquer ces comportements et représentations des relations hommes-femmes, l’auteure met en lumière, que ces conditionnements se ressentent d’une manière plus marquée, dans les relations hétérosexuelles. En citant notamment Virginie Despentes, on comprend qu’une fois sortie de ce schéma « classique » de l’hétérosexualité, la naissance du désir et le vieillissement du corps, n’appliquent pas du tout les mêmes codes dans les relations homosexuelles. Ces dernières sont plus libres et beaucoup moins conditionnées car moins représentées.

Dans la deuxième partie, une fois ce décryptage dévoré, auquel on ne peut qu’adhérer, l’auteure nous rappelle que tout n’est pas perdu et que nous avons des moyens de changer la donne. C’est du travail au quotidien, mais c’est possible. De l’art d’être soi, à Nourrir son feu intérieur en passant par l’indépendance financière, être une femme séduisante à tout âge est tout d’abord devenir et être une femme accomplie. La prise de conscience de notre propre valeur ainsi que des codes patriarcaux que véhiculent nos sociétés, ne peut être qu’un grand pas vers des changements plus profonds qui s’opéreront en douceur au sein de la collectivité. Tous les hommes ne sont pas attirés que par des femmes plus jeunes. Pour rappel être jeune ne veut pas seulement dire avoir moins de rides et moins de cellulite, mais aussi être plus malléable, vulnérable et influençable. C’est peut-être aussi cela que ces hommes âgés recherchent dans leurs partenaires beaucoup plus jeunes ? Des êtres manipulables et sur lesquels ils peuvent avoir un certain pouvoir.

Enfin, l’auteure cite des parcours de femmes hors du commun, comme George Sand. Nom de plume d’Amantine Dupin de Francueil, cette écrivaine, se fichait complètement des codes hommes-femmes. Elle s’habillait d’une manière masculine, avait des amants à tout âge et de tout âge, et vivait sa vie comme elle l’entendait. Durant un siècle où le divorce n’était pas inscrit dans les mœurs, elle a notamment réussi à obtenir séparation de son mari. Mais avant de se libérer, elle est aussi passée par la case : mariage, enfants et soumission à la maison…

Cet essai est donc à lire, relire et à faire passer dans toutes les mains possibles, hommes comme femmes. L’écriture est fluide et directe, car journalistique, et les sujets décryptés interpellent car nous les vivons au quotidien sans forcément les voir. Mon regard et mon comportement seront désormais plus critique face aux constantes publicités mensongères, aux séries et films où je verrai les incohérences plus rapidement et dans les discussions avec mon entourage.

Je constate également après cette lecture, que désormais le chemin devant moi sera peut-être différent que celui que j’ai connu jusqu’à maintenant, en partie à cause de mon âge. Question que l’homme de mon âge ne se pose absolument pas.

Mais ce qui me rassure aussi, c’est que je sais qu’il existe bel et bien des hommes qui aiment leurs partenaires peu importe les fluctuations du temps sur leur corps ou des diktats physiques de la société dans laquelle nous vivons. J’ai eu la chance d’en avoir un dans ma vie pendant un certain temps, et l’un des plus beaux compliments qu’il ait pu me faire, un soir en venant me chercher pour aller boire un verre, avait été : « Tu ne te rends pas compte ma chérie que, tu ne fais que te bonifier avec le temps ».

3 commentaires sur “Et si les femmes avaient le droit de vieillir comme les hommes ? d’Amanda Castillo

  1. M. DiCaprio vit des expériences pas typiques de l’homme moyen. Pour ma part, je me suis marié avec la seule femme qui m’a jamais répondu oui à une demande de rendez-vous. Et après le divorce, le seul autre rendez-vous de ma vie s’est déjà passé il y a 9 1/2 ans. Pour sa part, mon ex s’est remariée avec un homme qui a 10 ans de moins que moi. Ce n’est pas à dire que la vie des femmes est facile, mais l’herbe n’est pas toujours plus verte ailleurs.

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  2. Intéressante réflexion.
    Quand j’aborde ce sujet avec des hommes, ils me disent souvent que ce n’est pas plus facile pour eux, en tous cas, que ça l’est de moins en moins.
    Peut-être que les femmes sont parfois plus influençables et la société mise la dessus. Qui nous oblige à nous comparer sans cesse, à ressembler à une telle ou une telle, à vouloir rester « jeune » à tous prix?
    L’exemple de G Sand est bien trouvé…elle n’est pas la seule à avoir bousculé les codes. Nous en sommes toutes capables!!

    Aimé par 1 personne

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