Cette semaine, au cours d’un dîner avec une amie, nous nous sommes amusées à raconter tout ce que l’on avait pu entendre sur notre corps qui provenait de la bouche des autres. Et vous savez quoi ? Cette conversation n’était toujours pas terminée quand nous sommes arrivées au dessert.
Elle, ayant eu un bébé récemment et n’ayant aucune trace de sa grossesse, on lui fait toujours la remarque qu’elle est trop maigre, malgré les kilos de sucre et de gras qu’elle peut enfourner durant la semaine. Moi, je lui faisais part d’une réflexion qu’on m’avait faite dans une boutique de lingerie récemment en disant à la vendeuse que j’avais pris du poids et donc par conséquent peut être une taille de seins et que je m’étais vue répondre sur un ton sévère : « Ne vous plaignez pas, de nombreuses femmes payent pour ce que vous avez ». La culpabilité m’avait envahi dans la cabine d’essayage. Mais pourquoi ?
Mais aujourd’hui je suis une adulte (la trentaine bien entamée!) et ce n’est toujours pas terminé. Actuellement, je suis dans la phase « premier enfant », (voire même deuxième!) et je suis à des années lumières de gagner la compet’. Puis nous nous regardons toujours de haut en bas lors d’une première rencontre et nous nous comparons. C’est un réflexe. Ma copine me disait d’ailleurs qu’on ne parlait jamais d’elle comme de la fille marrante ou intelligente, mais de la fille avec les gros seins. Moi je pense, que l’on parlait de moi comme la fille qui rougissait tout le temps.
Adolescente on me disait que c’était normal de se prendre des remarques ou voir même que les garçons essayaient de toucher mes seins sans mon autorisation parce que l’on me disait « précoce ». C’est-à-dire « qu’à cet âge-là », je n’étais pas censée avoir des seins, encore moins si je n’avais pas encore eu mes règles, donc comme c’était curieux, les gens étaient curieux. Curieux de quoi? De ce corps qui n’était pas le leur? Dire que de totales inconnues me regardaient la poitrine et demandaient à ma mère « Elle a ses règles, non ? ». Mais de quoi je me mêle ? Donc par conséquent, entre nous, petites filles prépubères, nous nous mettions déjà en compétition : à celle qui aura ses règles en premier, celle qui aura son premier soutien-gorge, puis premier baiser, première fois…etc.
« Trop maigre », « trop grosse », « trop petite », « trop grande », « pas maquillée », « trop maquillée », « pas épilée », « Elle n’a pas de seins, faut qu’elle mette des push-ups », « Elle a trop de seins, pourquoi met-elle des vêtements moulants ? », « petit cul », « gros cul », « C’est quoi ces talons ? Elle se prend pour qui ? » etc. Et la liste n’en finit malheureusement jamais. Cela pèse et cela fatigue, non ? Pas étonnant qu’après lorsqu’on doit s’habiller pour aller quelque part on mette souvent du temps et que l’on ait besoin de l’approbation de nos copines ou de notre partenaire…
Est-ce que c’est la même chose chez les hommes ? Je n’en ai pas l’impression, du moins pas à ce point. Ils ont toujours l’air solidaire entre eux, ou peut-être un truc se joue durant leur adolescence sur la taille de leur sexe, mais sinon… Je peux me tromper. Ce qui est sûr c’est qu’ils ne passent pas des heures à parler de leurs physiques et des émotions qui sont liées à ces derniers. Imaginez le temps qu’ils gagnent à penser et à faire autre chose !!!!
Alors c’est quoi la solution pour se libérer de ces carcans ? Et bien je pense qu’elle doit venir de nous-mêmes. Et oui, si les autres ne changent pas, nous, en revanche, nous pouvons agir sur nous-mêmes. Je ne vais pas vous le cacher, c’est comme une course d’endurance qui ne se termine jamais. Reprogrammer notre approche du corps dans laquelle nous avons été conditionnées depuis notre plus tendre enfance n’est pas chose facile.
Quelques petits trucs pour commencer qui sont un peu des injonctions en sens inverse, je les appellerai des injonctions libératrices :
- Pas ou peu de maquillage pendant le week-end (et même au travail si vous vous sentez d’attaque direct !);
- Pas de soutien-gorge une à deux fois par semaine (pour commencer !) ;
- Dire à une autre femme que ce qu’elle porte est joli : un bijou, un vêtement, des chaussures…
- Se regarder VRAIMENT dans le miroir et se sourire (je n’irai pas dire jusqu’à se dire « je t’aime », mais se sourire est déjà un bon démarrage) ;
- Arrêter de s’épiler le maillot, les jambes, les aisselles aussi régulièrement (surtout l’hiver !) – économie de temps et on réappréhende son corps au naturel. Les femmes faisaient comment au siècle dernier et aux siècles précédents, hein ?
- Et bien sûr, se désabonner de certains comptes sur nos réseaux sociaux…
Ces petites choses je les ai faite ces dernières années, petit à petit, sans qu’on me dise de les faire, et aujourd’hui se sont devenues des habitudes. Allez savoir pourquoi, j’ai énormément décroché avec les diktats sur mon corps et je pense que même si c’est grâce à moi, c’est aussi grâce à l’attitude du partenaire que j’avais et je l’en remercie encore aujourd’hui.
Combien de fois m’a-t-il suivi dans la salle de bain avant qu’on aille au restaurant pour me dire que je n’avais pas besoin de me maquiller ? Des dizaines. Combien de fois ai-je fait du yoyo avec mon corps et me suis-je pris des réflexions ? Zéro. Combien de fois débarquait-il sans prévenir et me faisait-il une réflexion parce que je n’étais pas épilée, maquillée, apprêtée ? Zéro.
Forcément, cela aide.
Ainsi sans m’en rendre compte j’ai commencé à aller au bureau de plus en plus souvent non-maquillée. Je retire désormais mon soutien-gorge très souvent dès que je franchis la porte de la maison et je n’en porte presque pas le week-end. Je ne m’épile plus aussi souvent et encore moins l’hiver. Je me regarde plus souvent dans le miroir d’une manière bienveillante. Et dès que je vois quelque chose qui me plaît sur quelqu’un je le lui dis, et souvent la personne est surprise, mais dans le bon sens.
Et vous savez-quoi ? Cela libère vraiment (en plus de faire des économies !).
Nous n’en avons pas fini avec les injonctions qui nous sont faites, même si nous sommes en Europe Occidentale, l’endroit où nous avons le plus de libertés par rapport au reste des femmes de notre vaste monde. Mais nous prenons peu à peu conscience de tout cela, donc nous pouvons commencer à incarner le changement pour que les générations suivantes d’hommes et de femmes commencent à un autre niveau de respect mutuel et d’amour de soi et de l’autre.
Et vous, qu’elles sont les injonctions qui vous poursuivent ? Que faites-vous pour vous en libérer ?

Je trouve que je suis trop mince, que je ne mange pas assez, en même temps j’ai peur de grossir, d’avoir un corps différent de celui que j’ai toujours eu. Mais attention je n’ai surtout pas le droit d’aborder le sujet car pour les autres j’ai « tellement de chance d’être aussi mince. ». Ça aussi ça vient des injonctions, du « sois belle et tais toi ».
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Tout à fait – J’ai une collègue qui est exactement dans le même cas que vous !
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