J’ai le cœur qui bat, les mains qui tremblent, des papillons qui me dévorent le ventre (ou peut-être même des piranhas, tigres ou autre bêtes à belles dents), une incapacité à me concentrer et aussi une tendance à transpirer… Non je ne suis pas sur le point de me rendre à un entretien d’embauche (car quasi tous ces symptômes sont similaires à un entretien tordu qui nous fait nous poser dix milles questions sur notre image, nos désirs et nos envies dans la vie), mais je suis sur le point de revoir mon premier amour.
Premier amour ou grand amour d’ailleurs? Quelle différence ? Le premier n’est pas forcément un grand amour, c’est souvent le premier des premières fois : premiers baisers, premières caresses, premières galipettes, premiers sentiments et premières larmes. Tout semble grand, mais au final tout est simplement nouveau.
Le grand amour lui, peut avoir lieu une voire quelques décennies plus tard : c’est celui qui nous fait oublier tout ce qu’on a pu vivre avant, car il est simple, naturel mais surtout incontrôlable. Malgré toute la bonne foi, logique et rationnalité qu’on peut y mettre pour l’oublier, celui-là nous transforme à jamais et a tendance à rester dans un coin de notre tête. Et quand il se re-pointe dans notre vie, un avis de tornade est tout simplement lancé et toutes nos habitudes peuvent se retrouver ébranlées.
C’est un peu comme cette manie, pour nous les femmes, que nous avons de vouloir perdre notre cellulite : pendant des semaines ou des mois on se conduit super bien, on mange sainement et on fait du sport, puis arrive l’été et on perd le contrôle sur ces habitudes si difficilement acquises et qui montraient quand même quelques résultats. On replonge dans la glace, les barbecues et autre rosé. Et cette cellulite qui est au final un élément naturel à notre corps, revient. Et bien c’est la même chose avec cet amour qui semble tout aussi naturel mais dont on essaye quand même de se débarrasser. Même si ce n’est pas la bouffe et la flemmardise estivale qui nous fait (re)plonger, mais un simple appel, regard ou discussion et la tornade de sentiments et de sensations se déclenche toute seule comme une grande…
Au nom de quoi un seul être humain nous procure-t-il cet effet de bien être instantané et nous fait perdre la notion du temps (et perdre aussi un peu les pédales, avouons-le)? Au nom de quoi passons-nous autant de temps à nous préparer pour lui plaire alors que tout ce qui nous reste de commun appartient au passé et que nous avions décidé qu’il n’y aurait pas de futur ? Pourquoi lui donnons-nous ce pouvoir ? Célibataire ou en couple, quand cela arrive, nous réagissons toutes de la même manière…
Rien ne sert de lutter, nous l’avons tout simplement dans la peau. Ce n’est pas forcément une bonne nouvelle, mais c’est juste un constat, et j’en profite pour souhaiter bon courage pour le prochain… C’est à la fois une bénédiction et une malédiction, car regardons autour de nous et où ces « grands amours » ont pu nous mener…
Il est intéressant de voir comment notre génération dans cette partie du monde est à la recherche de ce dernier. Oh non, nous ne cherchons plus un prince charmant mais quelqu’un qui nous correspond, nous respecte, nous aime pour ce que nous sommes et surtout, nous fasse vibrer!!!
Nous sommes une génération gâtée car nous pouvons nous interroger si celui-ci était notre premier ou grand amour, notre plan cul ou notre relation mouchoir, etc… Alors que la majorité des femmes de ce monde ne peut se poser la question car elles sont victimes des décisions faites pour elles et n’ont souvent pas leur mot à dire : pas de contraception, mariage arrangé, famille à concevoir, bref une grande restriction de libertés. Victime de notre biologie à l’état brut : capable de porter et de donner naissance à de nouveaux êtres qui, elles espèrent, changeront la donne.
Mais notre prospérité nous a permis d’avoir le luxe de choisir la personne avec qui nous voulons faire notre vie. Car « faire sa vie avec quelqu’un » demeure toujours un sujet d’actualité. Seulement nous ne mourrons plus à 35 ans et le concept de premier et unique amour n’existe plus. Le mariage dans une vie devient une formalité et peut se multiplier.
Arrivée à la trentaine, cependant, que l’on soit célibataire ou en couple nous avons certaines interrogations sur cette liberté de choix. Trop de choix, tue le choix?! Alors quand on est en couple depuis quelques années et que maintenant c’est le moment de se « construire une vie », on regarde notre partenaire et on se demande si la sécurité prévaut à la passion et aux turbulences qu’elle engendre. Quant aux célibataires, on se demande si l’on continuera à construire sa vie seule, ou si l’on sera capable de faire rentrer de nouveau quelqu’un pour la partager. Car après tout, la société nous fait comprendre que si l’on désire vraiment trouver l’amour, il est facile de le trouver…. Regardons les sites de rencontres, il y a tout un marché de potentiel « amours » disponible en deux clics. Et en plus, nous avons la bénédiction de nos amis tous casés qui commencent à être désespérés de nous voir incapable de faire de même… Que demander de plus?
Quoi qu’il en soit, ces moments où notre corps et notre esprit lâchent prise devant un être avec qui nous avons eu une histoire nous réveillent souvent de notre léthargie quotidienne et remettent en question pour quelques jours ou quelques semaines, cette vie que nous avons en pleine conscience choisie au détriment de lui. Il nous rappelle combien un sentiment fort est rare et précieux et par conséquent combien un amour véritable ne se prévoit pas, ne se cherche pas et ne se retrouve pas aussi facilement que l’on croit. Il peut ainsi nous déstabiliser ou nous remettre simplement un pied à l’étrier pour pouvoir avancer. Power of Love, comme dirait l’autre.
Une grossière erreur de croire que tout est derrière soi. Tout est en nous et c’est une bénédiction qu’il faut chérir. Comme la mère qui peut adorer autant d’enfants qu’elle en enfantera, nous aurons la grâce de garder en nous toutes ces amours passées sans rien enlever aux êtres alentour, tant soit-il que l’ingratitude, la haine ou le regret ne nous possèdent pas. La mémoire du coeur affolé qui voulait nous sortir du torse à la seule pensée de l’autre a sculpté les personnes que nous sommes devenues et a versé dans nos vies la partie qui fait qu’elles sont pleines et entières, prêtes à être offertes à d’autres sans rien demander en échange.
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