Si vous habitez dans la région genevoise ou bien êtes tout simplement de passage ce week-end, sachez qu’aujourd’hui nous célébrons la création de la Suisse qui remonterait à 1291. Le 1er août est un jour férié dans toute la Suisse et cette année en plus de tomber un dimanche, il fait malheureusement un temps à rester coucher. Il fait frais et il pleut ici, à Genève.
Qui connaît l’Histoire de la Suisse ? Ce petit pays de montagnes et de lacs de 8,5 millions d’habitants coincé entre l’Allemagne, la France, l’Italie et l’Autriche est un mystère pour beaucoup d’entre nous.
De l’étranger, la Suisse est un pays assez flou où les riches de la planète cachent leur argent dans les banques, où on mange de la fondue et du chocolat tout en faisant des randonnées en montagne été comme hiver pour cueillir des edelweiss ou encore des balades au bord des nombreux lacs avec les vaches pas loin.

Oui, la Suisse c’est cela, mais pas que…
Il y a quelques temps, par curiosité, j’ai demandé à un collègue suisse ce qu’ils apprenaient en Histoire à l’école. Nous autres européens apprenons pendant notre scolarité comment nous nous faisions la guerre les uns aux autres. Ce collègue m’a simplement répondu avec un sourire : « Nous apprenons comment nous financions vos guerres ». Et même si c’était une plaisanterie, je pense que sa réflexion était assez juste. Les Suisses, plus malins que le reste du monde ?
Le choix de la neutralité de la Suisse qui date de 1515 mais qui est devenue plus officielle lors du Congrès de Vienne en 1815, a permis au pays de faire rouler son économie avec l’ensemble des belligérants des guerres qui ont ravagé l’Europe pendant des siècles. Et l’éthique dans tout cela? C’est une question toujours en débat ou pas, selon quel suisse on a en face de nous.
L’économie suisse est libérale, dynamique et il y a peu d’intervention de l’Etat. A titre d’exemple, la Suisse dépenserait environ 33% de son PIB dans les dépenses publiques, alors que les Etats-Unis dépenseraient environ 38% et la France 58% (période hors COVID bien évidemment !).
D’un point de vue humain, la neutralité de la Suisse a permis d’intervenir en tant qu’intermédiaire lors des conflits (la Croix Rouge est suisse et a été fondée le 17 juillet 1886 par Henri Dunant, suite au conflit franco-allemand de 1871), mais aussi d’offrir ses services au niveau de la diplomatie internationale. Elle est également le siège des organisations internationales (ONU, OMS, OMC etc) dont les membres se retrouvent régulièrement à Genève.
La Suisse c’est aussi une confédération de 26 cantons et fonctionne comme les Etats-Unis, d’une manière fédérale. 26 petits états au fonctionnement administratif et fiscal qui diffère d’un canton à un autre en plus d’avoir quatre langues nationales officielles et utilisées au Parlement (le français, le romanche, l’italien et le suisse-allemand). Si vous tombez un jour sur une séance du parlement suisse, alors vous verrez des députés parler dans leur propre langue sans parler ou comprendre la langue de son/sa voisin/e !
La Suisse ne possède pas de système présidentiel, mais fonctionne grâce à un Conseil Fédéral : 7 membres se partagent les principales tâches attribuées à la Confédération (défense, affaires étrangères, économie, finances, transports et communication, justice et police, intérieur). L’un d’entre eux est élu chaque année pour représenter la Suisse en Suisse et à l’étranger, mais ne possède pas plus de pouvoir que les 6 autres membres du Conseil. Actuellement c’est Monsieur Guy Parmelin qui occupe ce poste.

Les Suisses votent par ailleurs tout le temps ! Car il existe un comité d’initiative populaire afin de modifier des articles de la constitution. Il suffit pour le comité de récolter 100’000 signatures pour déposer un projet et ainsi initier une votation populaire si le projet ne viole pas de traité international. Les sujets sont divers et nombreux comme « Le maintien des vaches à corne » ou pour « Une Suisse libre des pesticides de synthèse ».
Donc ce fonctionnement complexe provient de son Histoire, de la création même de la Suisse en 1291, dont la date du 1er août a été retenue en 1891, à l’occasion du 600ème anniversaire du pacte. Pour la faire simple, trois communautés montagnardes s’associent pour défendre leurs intérêts et leurs traditions face aux Habsbourg, famille qui domine alors l’Autriche et l’actuelle Suisse alémanique. Ces trois communautés sont déjà des communautés autonomes des vallées alpines qui sont Uri, Schwytz et Unterwald.
« L’union fait la force » et le pacte stipule quatre lignes directrices :
- Les cantons se jurent « secours, appui et assistance » sans renier leur soumission à l’empereur;
- S’il y a conflit entre les partenaires « les plus sages des confédérés » doivent faire médiation;
- Le respect de la tradition administrative est garanti, à savoir le rejet des fonctionnaires de l’empereur;
- Une entraide judiciaire est instaurée : un criminel d’Uri n’est pas à l’abri des juges s’il fuit à Schwytz.
C’est sur cette base que s’est construite la Suisse d’aujourd’hui dont l’assemblage des cantons s’est faite petit à petit autour de ces trois petites communautés alpines.

Traditionnellement, au 1er août, le feu de joie est le point fort de la célébration de cette journée, dans les villes et villages de Suisse. Autour de ce feu, les enfants se baladent avec des lanternes, il y a également des fanfares d’organisées, des feux d’artifice ou encore des expositions sur les thématiques du moment. Je repense à il y a deux ans, où au Parc de la Grange à Genève, en plus de l’énorme feu de joie organisé, il y a avait tout un parcours thématique sur la femme, et notamment un clitoris géant gonflé en plein milieu du parc au plus grand bonheur des enfants…
La Suisse vaut le détour et qu’on prenne la peine de creuser ses complexités !
A bientôt alors, ici en Suisse et très bonne fête nationale à tous mes ami/es suisses 😊