Le confident, d’Hélène Grémillon

Cela fait longtemps que je n’ai pas publié d’article sur un livre. Normal, car cela fait des semaines que ce que je lis ne me trouble pas plus que cela. A vrai dire, j’ai lâché un peu les livres ces derniers temps pour Netflix et les écrans en général. Je ne sais pas si c’est la flemme, l’ambiance morose ou tout simplement un manque de motivation depuis le début de l’hiver, mais soit. Entre deux séries et des maux de crâne, on m’a conseillé de lire Le Confident, d’Hélène Grémillon qui est une véritable bourrasque dans cette météo d’hiver! Cela réveille et cela fait du bien ! Loin des Joel Dicker et compagnie, ce roman est un premier roman (j’adore les premiers romans !) et un roman qui mêle suspense psychologique, destins de femmes sous fond de seconde guerre mondiale.

De quoi cela parle ?

Nous sommes en 1975 à Paris, Camille, 35 ans, vient de perdre sa mère et attend un enfant (pas vraiment prévu au programme). Au milieu des lettres de condoléances, elle découvre une lettre envoyée par un expéditeur inconnu. Pas vraiment une lettre, mais un récit. Elle pense d’abord à une erreur, puis étant éditrice, elle pense ensuite que c’est un auteur qui veut lui faire lire son manuscrit petit à petit, car chaque mardi, elle reçoit une nouvelle enveloppe. Au fil du récit, Camille prend peur et voit ce récit faire lien avec sa propre vie: l’histoire d’une femme-enfant faisant un pacte avec un couple aisé n’ayant toujours pas eu d’enfant à la fin des années 1930. Les dates, les noms et les lieux concordent-ils ? Et pourquoi maintenant ?

Pourquoi cette histoire interpelle ?

Car de la seconde guerre mondiale, on ne parle bien souvent que des hommes et des déportés. A juste titre, mais l’autre moitié de l’humanité a continué à vivre pendant ce temps, et pas seulement à attendre le retour des hommes dans les foyers ou à les remplacer sur leurs lieux de travail.

Ce roman met la lumière sur les femmes et leurs conditions dues à leur genre à l’époque : avoir pour unique ambition se marier et enfanter pour une histoire de réputation et de survie mais aussi parce que le gouvernement français leur demande! Et si on ne se mariait pas ou on n’arrivait pas à avoir d’enfant ? Qu’advenait-il ? Et bien ce roman raconte un des scénarios possible.

De cette histoire on apprend les « conseils » donnés par les médecins de l’époque pour qu’une femme devienne « fertile ». Rien qu’en y repensant, j’en ai froid dans le dos… On apprend combien cette « pression sociale » pouvait conduire à des comportements complètement fous, mais que les sentiments, émotions étaient et sont toujours plus forts que tout. Que l’amour que l’on peut ressentir pour un homme, une femme, un enfant peut nous mener à commettre le pire pour soi et/ou les autres. L’amour n’est pas rationnel, il peut enfreindre toutes les règles, et à cette époque, elles étaient nombreuses. Encore aujourd’hui, si on y pense, si on n’évolue pas dans un certain schéma à un certain âge, les gens ne se gêneront pas pour nous le faire comprendre, ressentir. Mais le monde a quand même bien évolué depuis!

Enfin, ce récit, en plus de Camille en 1975, est raconté par les deux protagonistes principales puis par Louis, qui a vécu l’histoire de l’extérieur et c’est plus que troublant. Car selon où l’on se place, les mêmes évènements prennent une tournure et une raison d’être complètement différentes voire même « justifiées ». On ne sait plus qui défendre, qui détester, qui apprécier. Car, comme dans la vraie vie, nous avons tous nos propres raisons d’agir « ainsi ».

Un conseil : soyez bien attentives dès les premières pages. Car une fois le roman terminé, je suis retournée tout de suite lire le début tellement j’étais surprise de la tournure des évènements…

Souvent, je me dis que je me suis trompée d’époque, quand je ne me sens pas à ma place. Allez savoir pourquoi telle époque ou telle époque me semble plus me convenir que la nôtre : les années 1920, 1930 ou 1960, 1970. C’est un peu comme lorsqu’on pense que l’herbe est plus verte chez la voisine que chez soi. C’est de l’ordre du fantasme mais pas de la réalité. Mais après la lecture de ce roman, je me rends bien compte que je suis plus que bien à ma place et que je n’aurais pas pu « survivre » à ces époques-là, à moins que ce soit l’époque où nous vivons qui nous façonne ?

Il n’y a donc pas d’erreur « spatio-temporelle » me concernant… Nous sommes là où nous devons être et nous devons juste arroser plus souvent notre jardin afin que l’herbe reste verte et qu’on n’ait plus de temps d’aller vérifier l’herbe de la voisine ;). « Trust the process » comme dirait l’autre.

Bonne lecture !

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