Cette année, j’en ai appris une belle sur ma libido. Notre libido. Elle est loin d’être linéaire.
Jusqu’à maintenant, je n’avais jamais observé de problèmes de ce côté-là, car libre de toute hormone de synthèse, mon désir sexuel variait en fonction de mes cycles menstruels réguliers, et il était présent, en relation ou célibataire. Puis fin d’année dernière j’ai eu une pubalgie, soit une tendinite au niveau de la zone pubienne causée par de nombreux facteurs de déséquilibres (les footballeurs ou hockeyeurs sont les plus victimes de cette pathologie, mais je ne fais jamais rien comme les autres…) doublée d’une inflammation du bassin due à une mauvaise circulation sanguine (qui elle, est génétique, mais dont j’avais subi une opération pour corriger le tir quelques mois auparavant, ai-je d’ailleurs été loupée ? Je me pose encore la question). Bref, tout cela pour dire que ma zone érogène/essentielle de désir sexuel féminin a été paralysée pendant plusieurs mois. Et de ce fait, comme le corps est relié à l’esprit et vice versa, je n’ai eu aucune libido pendant très longtemps, un record absolu dans ma petite vie. Et je me suis inquiétée. Pourquoi ?
Car je pensais que l’état présent dans lequel j’étais allait être mon futur état à vie. Je considère que la sexualité (et une bonne sexualité) est importante dans la qualité d’une vie, du moins cela fait partie de mes critères de vie épanouie. Et en étant ouverte à ce sujet avec des amis, féminins comme masculins, j’ai fait un petit tour d’horizon sur notre état du moment.
Et bien ce n’est pas glorieux. Entre ceux qui sont en couples et les célibataires, il n’y a pas trop d’activité dans l’air. Et sans aller voir un psychologue ou faire un tour sur Doctissimo, c’est apparemment « normal ». Nos situations personnelles du moment font que nous sommes préoccupés par d’autres choses que de sauter sur notre partenaire. Des préoccupations qui concernent notre avenir que nous ne voyons plus forcément avec autant de clarté ou tout simplement notre quotidien peu glorieux, ce qui entraîne forcément un manque de désir sexuel.
Et pour moi c’est tout nouveau. Je considérais comme « normal » que mon état physique de douleurs m’avait coupé toute envie, mais je ne pensais pas que les événements extérieurs pouvaient influencer également notre sexualité, ces non-stimulations extérieures.
Plus jeune, je me sentais toujours frustrée par ce que j’avais ou n’avais pas. Mais qui donc m’avait mis dans la tête que je devais être active sexuellement tout le temps ? Que je devais le faire trois fois par jour avec mon copain ? Ou que je devais me remettre tout de suite sur les rails après une rupture ? Que le désir devait s’extériorisé de telle manière, que les hommes arrêteraient de coucher avec moi si je ne faisais pas ceci ou cela ? Ou encore que je devais atteindre l’orgasme à chaque fois ? …
Que de tourments, de questions, de sensations de ne pas être en phase, de ne pas obtenir ce « qu’il fallait que j’obtienne ».
Puis, il y a quelques années, j’ai rencontré un homme libre de tout jugement, qui m’a appris (malgré lui) le lâché prise, et qui avait une vision libre et instinctive de la sexualité. Nous nous écoutions, nous nous appréhendions, nous nous parlions et nous grandissions.
La clé. Du moins pour moi.
Avec le recul, qui m’avait donc mis dans la tête toutes sortes de croyances qui se révélaient être fausses ? Et qui par conséquent me faisait poser un millier de question sur la « normalité » de ma vie sexuelle ? Les amis, l’entourage, les magazines, les séries télé… et maintenant les réseaux sociaux.
Comment se débarrasser de ces jugements incessants ?
En coupant à la source. Nous-mêmes. En ne parlant plus autour de nous de ce qui se passe dans notre chambre à coucher. Car qu’il s’y passe quelque chose ou pas, le monde extérieur aura toujours des commentaires à faire, et jugera si c’est « normal » ou pas.
La meilleure chose pour se sentir épanoui, est de vivre sa vie en privée. De ne pas la raconter à la terre entière et encore moins sur les réseaux sociaux pour ne pas entendre ou prendre les « conseils » de personnes se disant bienveillantes. Une ou deux personnes de notre entourage suffit, pour partager le bonheur ou le malheur que nous vivons. Puis, se faire confiance est la meilleure façon de vivre sa vie, car peu importe ce que nous ferons, nous serons toujours jugés par autrui, alors autant faire ce que notre intuition nous dit de faire.
Il y a autant de vies sexuelles sur la Terre, que d’êtres humains. Certains vont chercher à avoir des rapports toutes les semaines, d’autres n’ont eu qu’un partenaire dans leur vie et ne sont pas intéressés d’aller voir ailleurs, d’autres sont en couple et ont peu de rapports, et encore d’autres sont célibataires et ne cherchent pas à se mettre en couple à tout prix… Et la liste est infinie.
Et la libido c’est la même chose. Elle varie donc pour chacun d’entre nous et suivant les périodes stressantes, étouffantes que nous vivons elle disparaît mais jamais complètement. Pas de panique. C’est un état qui peut se travailler et se ré-apprivoiser avec son partenaire ou avec seulement soi-même. Il faut juste en être conscient et ne pas se mettre de pression, car la vie n’est tout simplement pas une ligne droite sur laquelle nous marchons sans écarts.
Le corps, comme l’esprit ont les merveilleuses qualités de pouvoir se régénérer. Leurs états ne sont jamais statiques, ils évoluent sans arrêts. Alors pour la libido, c’est quelque chose que nous possédons en nous, que nous pouvons perdre, mais que nous pourrons toujours retrouver.