Ce matin, je me suis réveillée, j’ai préparé mon café et après avoir eu une dose de caféine suffisante, j’ai allumé mon téléphone. Dans le tas de notifications reçues, il y avait ce tweet d’Ollivier Pourriol: « Victor Hugo remercie tous les généreux donateurs prêts à sauver Notre-Dame de Paris et leur propose de faire la même chose avec les Misérables ». Si cet écrivain était en manque de popularité, son tweet l’a pour sûr boosté dans sa présence sur les réseaux : 32’900 likes et 16’100 retweet, dont les miens à l’heure où j’écris cet article.
Ah oui, Notre Dame de Paris: l’incendie.
Lundi soir, pour tout dire, j’étais en jet lag, essayant tant bien que mal à survivre au boulot toute la journée avec mes -7 heures dans l’organisme et avec une quasi-nuit blanche, à 20h30 je dormais. Donc Notre Dame, je l’ai découvert au petit matin grâce aux messages d’amis parisiens mais surtout anciens parisiens, et les réseaux sociaux, bien sûr.
Une tragédie, un drame, une vive émotion.
Hier soir, sur Euronews, ce que j’entendis me surpris : de grands groupes comme LVMH ou l’Oréal avaient déjà fait des promesses de dons pour la reconstruction de la cathédrale, et les grands patrons de ce fait, étaient interviewés en Prime time pour leurs dons. Et le journaliste précisait bien que ces derniers seront défiscalisés. Ces mots résonnent.
Le terme de défiscalisation et don ont été mis dans la même phrase…
Soit la définition de défiscaliser : ne plus soumettre à l’impôt certains produits ou services… Soit, traduction: concerne les grandes fortunes, donner leur permet de diminuer leur montant d’impôt, ce qui est une astuce à la fois à leur bénéfice mais aussi à la collectivité.
Soit la définition de don dans ce cas précis : ce qu’on abandonne à quelqu’un sans rien recevoir de lui en retour.
Hmmm. Contradiction? Rien recevoir en retour ? Si les riches ne recevraient rien en retour, y aurait-il autant de dons chaque année?
Dans ce cas précis, ils reçoivent à leur tour :une défiscalisation de la part de l’Etat, une popularité recherchée et sûrement des accords commerciaux à la clé en plus du fait de se sentir bien en tant qu’humain pour le fait d’avoir « donné ». Il y a une sorte de retour sur investissement. Pardon, retour sur le don.
Qu’on se le dise bien, si on donne c’est qu’on peut se le permettre, qu’on a du rab. Et à partir de ce rab, ils vont créer encore plus d’argent. Car le but d’une entreprise est loin d’être philanthropique, c’est de la création de la valeur ajoutée un point c’est tout. Mais qu’en est-il de la redistribuer? et de la donner, vraiment ?
Et cet argent, peut-on l’investir dans autre chose ? Là est une partie de la polémique déclenchée par cette avalanche de dons. Car d’un coup, la Mairie de Paris, des grands groupes et autres grandes fortunes individuelles, promettent de débloquer des millions d’Euros en l’espace de 24h.
Mais d’où sortent-ils cet argent en trop ? Ou bien quels budgets vont être réduits ? Les salariés de ces groupes ne se demandent pas aujourd’hui pourquoi cet argent ne leur a pas été redistribué ? Les associations, les hôpitaux, la recherche et autres domaines touchant l’être humain en général auraient le droit d’être en colère face à ce qu’il se passe depuis 24h, non ? Le parcours du combattant pour obtenir des subventions, des logements, des vêtements, de la nourriture, du personnel…
On en est là.
Je ne dis pas que le patrimoine n’est pas important, loin de là. Je suis née dans un pays possédant un très grand patrimoine et je suis fière qu’il investisse dans la rénovation et l’entretien de l’ensemble de ces chefs d’œuvres au fil des ans dont Notre Dame faisait partie.
C’est vrai. La France est un pays exceptionnel à ce niveau. Il ne faut pas aller plus loin que la Grèce pour voir la désolation de grands sites laissés à l’abandon et sentir une tristesse vous envahir face au peu de moyens investis. Mais on parle toujours quand même de MATERIEL, non ?
Notre Dame sera visitée et rentabilisée, d’autant plus depuis l’incendie, il n’y a aucuns doutes là-dessus. Car ce qui en reste, les gens voudront aller la voir et la revoir. Puis regardez la Sagrada Familia à Barcelone en Espagne, elle est en travaux depuis des décennies mais il faut quand même payer cher l’entrée, faire la queue pour la voir et l’attente peut être longue, pour ne rester souvent que moins d’une heure dans cet édifice qui vous coupe quand même le souffle.
Notre Dame vivra, comme un monument peut vivre. On lui a rendu déjà tellement d’hommages grâce notamment à Victor Hugo et tous les produits artistiques dérivés de son roman Notre Dame de Paris qu’elle est déjà éternelle…
En revanche, ce qui est inquiétant c’est qu’il faut apparemment ce genre de tragédie matérielle pour qu’une solidarité financière (in)ternationale et rapide se mette en place ? Et pour sauver des pierres ? Il y a en effet rien d’autre de plus urgent à traiter, à financer.
Alors, réjouissons-nous.
Merci, Céline, tu as dit tout ce qu’il y avait à dire, et d’une façon tellement juste… Résistons à cette propagande tous azimuts, qui sert à la fois les intérêts des groupes et individus multimilliardaires (on ne parle même plus en millions), les politiques qui affrontent bientôt les élections européennes et la sanction de la population avec l’annonce des mesures post -“grand débat”, les médias, qui ne savent plus faire de dossiers d’investigation sur rien et que ce genre d’événement arrange bien…
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Merci pour ton commentaire. L’article a été écrit à chaud et j’ai vraiment l’impression des fois de vivre sur une autre planète ! Je ne comprends pas…
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