Avoir un enfant

Cela fait maintenant deux semaines que j’ai commencé à parler de la publication de mon recueil de nouvelles, créer les réseaux sociaux y relatifs, reçu un certain nombre de messages et passé déjà pas mal de soirées à en parler. Cela fait seulement deux semaines, mais vu mon état de fatigue actuel, j’ai l’impression que cela fait déjà des mois…

L’introvertie que je suis a un peu de mal à encaisser la multiplication des interactions et la lumière qui est faite sur ce livre ou sur ce que j’écris en général. Je m’attendais à peu près à tout, sauf à cela. Ma batterie sociale commence à être à plat.

Il est intéressant de constater que j’ai eu trois types de réactions autour de moi : celles et ceux qui me félicitaient, les inquiet(e)s qui se demandaient si j’avais écrit des choses vécues (et qui les mentionnaient) ou non, puis celles et ceux qui m’annonçaient des événements « comparables » qui leur arrivaient, dont celui d’avoir (eu) un enfant.

Il est vrai qu’à 35 ans, il y a quelques années en arrière, je pensais que j’aurais déjà un enfant en chair et en os, mais ce n’est pas le cas. Il s’avère que le « premier enfant » se retrouve être sous la forme d’un livre. Loin de moi de comparer la création de ce recueil à l’expérience d’attendre, d’accoucher puis d’élever un enfant, mais quand même…

Tout au long de son processus de création on m’a parlé de « préparation », de « gestation » puis « d’accouchement » de ce projet, et enfin de « bébé ». Ce recueil je l’ai écrit avec mon cœur, mais aussi avec mes tripes, celles et ceux qui me connaissent, ne pourront pas faire erreur sur la personne qui a créé ces histoires… Il est comme « sorti de moi ». Puis il y a eu les doutes et les discussions avec mes proches. La peur au moment de sa sortie. Puis une fois publié, les commentaires et les questions provenant de mon entourage mais aussi d’inconnus, d’ordre général mais aussi sur des sujets plus personnels, et ce sans avoir rien forcément demandé. Puis enfin, la sensation que le temps file entre mes doigts et les nuits blanches qui se sont imposées depuis une dizaine de jours.

Tout cela, je suppose qu’une femme qui attend, accouche et élève un enfant, le traverse à un tout autre niveau.

La possibilité de procréer chez une femme a toujours été mise au centre de sa vie dans nos sociétés. C’est d’ailleurs une obsession. Son corps et ses organes avant tout autre chose. Un peu comme si elle ne s’appartenait pas à elle-même mais qu’elle appartenait à une collectivité. Bien que les discours commencent à changer, en gros, si une femme n’a pas eu d’enfant, elle n’a pas pu réussir sa vie autrement.

A partir de ma 25ème année, j’ai pensé qu’en effet, il faudrait peut-être commencer à réfléchir à avoir des enfants, mais pas sous n’importe quelles conditions. Ce n’était pas une envie qui provenait de mes entrailles, mais c’était bien quelque chose « qu’il fallait penser à faire » avant qu’il ne soit trop tard. Mes conditions étaient pourtant simples : avoir un papa pour cet enfant, ne pas avoir à m’arrêter de travailler, être stable financièrement, avoir un entourage présent et un système de garde. Des conditions simples ? Dix ans plus tard, réunir ces conditions se révèle être inatteignable ou du moins compliqué.

Sommes-nous toutes dans l’obligation de nous reproduire ? Non. Alors pourquoi les gouvernements européens et d’ailleurs font-ils une fixette sur leur taux de natalité respectifs?

Je suis ici obligée, de revenir sur l’allocution d’Emmanuel Macron d’il y a quelques semaines, sur son « réarmement démographique » qui est à mourir de rire ou… de peur.

« Faites ce que je dis, pas ce que je fais ». C’est un peu cela, non ? Le premier Président de la République Française qui n’a pas d’enfant (légitime ou illégitime) connu qui demande à sa population de faire des enfants dans un discours très paternaliste « d’après-guerre ».

La France doit-elle s’attendre en conséquence à de futurs conflits dans laquelle elle sera impliquée et y enverra sa jeunesse comme chair à canon ? Les femmes, remises dans un rôle de « poules pondeuses » doivent-elles s’attendre, comme aux Etats-Unis, à une restriction de leurs droits à l’avortement et à devoir assumer des grossesses non désirées ? Notre système économique a-t-il besoin pour survivre de toujours plus de personnes pour financer un système de retraite à la déroute et un capitalisme qui connaît de plus en plus de limites notamment grâce aux avancée technologiques ?

Et pourquoi ne pas remettre l’église au milieu du village, si l’on reste dans ces discours tellement vieille France du siècle dernier… C’est-à-dire se demander pourquoi les femmes en âge de procréer ne peuvent/veulent pas faire d’enfants?

Des questions économiques peut-être comme de bas salaires, un pouvoir d’achat à la baisse ou encore l’impossibilité de devenir propriétaire… Ou encore des questions de santé comme l’état de l’environnement dans lequel nous vivons, les aliments que nous mangeons au quotidien ou encore des systèmes de contraception qui sont des facteurs de stérilité… Des questions sociales comme l’impossibilité de mener une carrière de front avec des enfants à la maison, le « simple » patriarcat et ses conséquences, l’état du système scolaire en France, le manque de place dans les crèches etc… Enfin, l’état du monde en général : changement climatique, multiplications des guerres et des crises économiques, montée des extrémismes…

La mauvaise nouvelle pour Emmanuel Macron dans tout cela, c’est que d’après les dernières études, les Français baisent moins voire plus du tout. Pourquoi ? A peu près pour toutes les raisons évoquées au-dessus engendrant un certain stress et une certaine fatigue au quotidien, en plus bien entendu, de la montée de l’individualisme qui remet le soi au centre de la réflexion et non plus le « nous ».

Enfant ou pas enfant, pour trouver un intérêt et une envie de vivre, il faut un ou plusieurs projet(s), qu’il soit individuel ou collectif. En tant que femme dans la trentaine, on ressent cette pression sociétale (famille, amis, médecins, etc.) de devoir procréer coûte que coûte, mais pour le bonheur de qui au final ?

Mon premier livre, est mon premier « projet personnel abouti ». Il y en aura d’autres, je le sais.

Et un enfant ? Je n’en ai aucune idée. La vie me l’amènera peut-être par un moyen ou par un autre, mais ce n’est plus un but en soi. Et depuis que j’ai compris cela, le stress s’est envolé ce qui a laissé place à une certaine sérénité ainsi que de nouvelles perspectives de vie. La cage dans laquelle on voulait m’enfermer a explosé.

Chère lectrices, maman ou pas maman, ayant eu un enfant ou pas, je voulais juste rappeler que toute vie est belle à vivre tant que l’on est et reste en accord avec soi-même.

Bon week-end 🙂

5 commentaires sur “Avoir un enfant

  1. Il faudrait déjà donner envie au monde de faire des bébés! Et comme tu le dis la période actuelle n’y est pas forcément propice. Après, je te rejoins qu’une femme, un homme peuvent s’épanouir en dehors de la parentalité. Je suis un peu lassée d’entendre toujours les mêmes réflexions sur ce choix, ce sujet. Comme si nous devions tous et toutes suivre la même route…

    Super nouvelle pour ton premier livre – c’est vraiment top!! Et j’en suis très heureuse pour toi.

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