L’impolitesse de nos smartphones

– Et donc mon boss m’a dit que…

Je m’arrête. Je vois mon amie baisser les yeux et prendre son téléphone qui est sur la table depuis qu’on est arrivé dans ce bar, c’est-à-dire il y a 15 minutes, et me dire :

– Vas-y, je t’écoute, il faut juste que je vérifie quelque chose…

Ah. Bah non en fait. Je préfère arrêter de parler car j’aime bien savoir que ce que je dis est vraiment écouté. Et je fais, ce que je fais à chaque fois qu’on me fait le coup : je regarde autour de moi, car moi, je n’ai pas mon portable pour me distraire sur la table quand je sors dîner ou prendre un verre avec mes amis

Est-ce moi, ou est-ce que se snober de cette manière a été intégrée dans nos interactions sociales ? Car quand je regardais les tables autour de nous, chaque personne avait son portable sinon à portée de main, dans leurs mains-mêmes, à regarder cet écran qui nous bouffe tellement de temps au quotidien. four-people-at-the-table-with-phones

Plus le temps passe et plus ce téléphone devrait juste être intégré dans l’un de nos avant-bras vous ne trouvez-pas ? C’est vrai après tout, combien de temps résistez-vous à la tentation de ne pas prendre votre téléphone et  de «vérifier» une info ? Ce temps se compte-t-il en minutes ou en heures ?

Qu’y-a-t-il de si important à vérifier pendant l’heure ou deux que vous passez avec votre amie que vous n’avez pas vu depuis des semaines ou pendant la crémaillère de votre sœur? Une notification Instagram, Twitter, Facebook, Snapchat ? Un message du mec que vous rejoignez après ? Ne peuvent-ils vraiment pas attendre ? Et ne pouvez-vous pas juste être dans le moment présent et y voir un réel intérêt ? Au moins, un plus grand intérêt que celui que vous portez à cet outil de communication dont vous êtes devenu l’esclave.

Nos smartphones partout en tout temps

Ce petit bijou de technologie qui nous rend la vie plus facile au quotidien depuis maintenant presque 10 ans a juste envahi notre espace et notre temps. Regardez autour de vous: dans la rue, au travail, au restaurant, en plein cours de sport et même jusqu’aux toilettes. Ils sont partout dans nos mains, nos oreilles ou jamais bien très loin.

Combien de fois par jour prenez-vous votre téléphone dans les mains ? Apparemment en moyenne se serait 221. Combien de temps passez-vous dessus ? Mais surtout posez-vous ces questions au moment où vous êtes en pleine interaction sociale, qu’elle soit professionnelle, amicale ou amoureuse. Répondre ne serait-ce « qu’une fois » à la première Bizarro-in-heaven-without-cell-phonesquestion, est considéré pour beaucoup comme un manque de respect ou de snobisme. Ce comportement est devenu une pathologie que l’on appelle le « phubbing » : contraction anglais de phone (téléphone) et snobbing (snober). Voici un site qui explique le phénomène, et la ville de New York est en tête en termes de phubbers et Paris en 4ème position…

Où est votre téléphone lorsque vous dormez ? Quelle est la première chose que vous faites quand vous vous réveillez ? La réponse est la même pour une grande majorité d’entre nous : notre téléphone est devenu juste notre nouveau compagnon de vie et ceci depuis des années. C’est d’ailleurs un grand sujet de disputes dans nos relations amoureuses. Et oui, car c’est comme s’il y avait toujours quelque chose de plus important que nous dans le téléphone de l’autre…

La politesse du téléphone fixe

Il y a fort longtemps, nous vivions chez nos parents et nous n’avions qu’une ligne de téléphone. Il y a fort longtemps nous connaissions au moins cinq numéros de téléphone par cœur, si l’on souhaitait appeler quelqu’un il fallait rentrer chez soi, on décrochait systématiquement lorsqu’on nous appelait car on ne savait pas qui était à l’autre bout de la ligne…

Sans portableIl y a fort longtemps les interactions sociales étaient strictement sociales, et aucun élément technologique ne venait interrompre une conversation, un dîner, une réunion.

Enfin, il y a fort longtemps on se parlait et on se voyait beaucoup plus. Nous n’avions pas de problèmes de concentration et de mémoire. Nous ne nous comparions pas autant aux autres. Nous n’avions pas cette peur de manquer une information (pathologie FOMO: Fear of Missing Out) et surtout nous ne nous snobions pas lors de nos conversations.

Tout n’était pas forcément mieux avant, je vous l’accorde. Mais ce qui m’inquiète le plus, c’est le manque de contrôle que nous avons avec nous-mêmes avec cet outil mais aussi cette sensation même de manque. Car au final, ce n’est qu’un objet, pas un être humain.

baby phone

Je ne suis pas vieille, mais quand je vois les nouvelles générations déjà rivées sur leurs écrans, je me demande bien où nous allons. Alors faisons des efforts : laissons nos portables loin de nous, lorsque nous sommes ensemble. Nous aurons tout le temps, de répondre, de regarder ou de lire ce qui est arrivé dessus plus tard, une fois seul.

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