Mois de janvier sans alcool

Dry January (ou mois de janvier sans alcool) serait à l’origine une campagne de santé publique venue tout droit du Royaume-Uni afin de prévenir l’alcoolisme et les différents cancers liés à la (sur)consommation d’alcool, notamment après les fêtes de fin d’année.

En creusant un peu plus la question, il s’avère que ce sont les Finlandais qui ont mis en place cette communication à leur population en 1942. La propagande de guerre demandait à ses concitoyens, durant la seconde guerre mondiale, de faire un Raitis tammikuu (janvier sobre). Effectivement, imaginez une nation en temps de guerre, au mois de janvier, vivant dans le noir, le froid, et dehors (pour les soldats) devant se battre en étant complètement alcoolisée. Il paraîtrait juste légitime de vouloir se réchauffer avec de l’alcool, même si les effets ne sont que temporaires, notamment pour les soldats sur le front, non ? Mais l’alcool n’a pas que cette faculté de seulement réchauffer, il inhibe les facultés intellectuelles et physiques, et donc sur le front comme à l’arrière, la Finlande prenait le risque de perdre le conflit sur son territoire.

Alors qu’en est-il aujourd’hui de notre consommation d’alcool ? Pourquoi les différents gouvernements occidentaux préviennent leurs populations des effets néfastes de ce dernier?

Eh bien tout simplement, parce que l’alcool est la seule drogue socialement acceptable et qu’il est parfois difficile de dire « non », suivant les cercles dans lesquels nous vivons. Et les fêtes de fin d’année sont un prétexte pour boire tous les jours et en grandes quantités.

Vous avez sûrement vous-même remarqué que chaque occasion est bonne à prendre pour consommer de l’alcool :

  • célébrer un heureux événement (mariage, anniversaire, promotion, fêtes de fin d’année, etc) ;
  • oublier un malheureux événement (licenciement, séparation, deuil, dispute, etc) ;
  • créer l’événement, car il ne se passe rien (routine, isolement, ennui, etc).

Pour résumer, toute journée que nous vivons pourrait être un prétexte à boire un verre.

Etant franco-finlandaise, il est intéressant de voir les différentes manières de consommer de l’alcool dans ces deux pays.

En France, boire un verre de vin à l’apéritif ou à table lors d’un déjeuner ou d’un dîner est quelque chose de tout à fait normal. Cela relève du quotidien, presque du raffinement. La France est un pays producteur d’alcools, notamment de vin, et où chaque région a sa spécialité : vins, champagnes, liqueurs, cognac… Souvent, lors de mes voyages, en tant que française, j’avais pour « mission » de choisir les vins que nous allions boire et à chaque fois je devais refuser et me justifier que certes, j’étais française, mais que je ne connaissais rien en matière de vins. Car pour s’y connaître, il faut beaucoup consommer et y trouver un intérêt et je ne me retrouvais et me retrouve encore aujourd’hui dans aucune de ces conditions.

L’alcoolisme en France est donc quelque chose de difficile à détecter car l’alcool est avant tout un élément culturel, social et envahi les supermarchés (contrairement aux autres drogues). De nombreux alcooliques sont des alcooliques « sociaux », ils prennent prétexte à tout événement pour déboucher une bouteille, par goût, par habitude, par reproduction de schémas familiaux. Hormis un alcoolisme social, là où il faudrait peut-être se poser des questions, c’est lorsqu’on commence à boire seul(e) le soir chez soi, ou bien l’heure à laquelle l’on prend son premier verre/shot (avant le déjeuner, par exemple), ou encore si l’on se cache pour consommer de l’alcool.

En Finlande, l’alcool c’est une autre histoire. Du fait du climat continental et de sa population qui vit (presque) la moitié de l’année dans le noir, toute culture de vignes est exclue. En revanche, les sols permettant la culture de la betterave et de la pomme de terre, favorisent la production d’alcools forts comme la Vodka.

L’alcool n’est pas consommé au quotidien avec les repas, mais plutôt en fin de semaine, en dehors des repas, durant les week-ends, et sans modération. Cela commence très jeune (pour être dans le « coup ») et cela continue ou pas à l’âge adulte. Le vin étant cher et pas forcément populaire, les bières et spiritueux sont les principaux types d’alcool consommés. Contrairement à la France, l’alcool est vendu dans des magasins à part (Alko qui est en situation de monopole dans le pays) et non au supermarché. L’alcool est surtaxé et très réglementé (notamment auprès de la vente aux mineurs).

Et encore une fois, à l’étranger lorsque je disais que j’étais finlandaise et qu’on me voyait ne pas tenir l’alcool ou tout simplement ne pas beaucoup boire, on trouvait cela « bizarre ». Je n’étais alors pas une « vraie viking », une vraie finlandaise.

On dit qu’en Finlande, chaque famille est touchée par l’alcoolisme, c’est un phénomène qui est ancré dans les mœurs. Tout en étant un phénomène presque démocratisé il est difficile de se faire prendre en charge, du fait de la banalité de la situation. Les familles donc, subissent, vivent avec, et s’en remettent à leur propre pragmatisme et résilience.

L’alcool a toujours été un sujet par lequel j’ai été touchée de prêt depuis que j’ai été en âge de comprendre les conséquences qu’il pouvait avoir sur une consommation quotidienne. D’un côté j’avais mes grands-parents français qui consommaient à tous leurs repas du vin et de l’alcool fort, de l’autre j’avais ma grand-mère finlandaise qui ne buvait pas une goutte car elle n’aimait pas le goût et que l’alcool la rendait muette comme une carpe. Puis plus proche de moi, évidemment, j’avais mes parents qui en consommaient quotidiennement.

Sachant qu’une part de génétique se joue dans l’alcoolisme, mais aussi de l’environnement dans lequel on évolue, je pourrais être moi-même une grande consommatrice et amatrice d’alcool. Il n’en est rien. Encore pendant les fêtes, j’ai remarqué de nouveaux effets de l’alcool sur moi : il me fait somnoler, et certains me donnent directement mal au crâne, symptômes qui n’existaient pas il y a encore quelques années.

Enfin, tout cela pour vous dire que ce mois de janvier sans alcool est intéressant à tester pour faire un point sur sa consommation personnelle (et celle de vos proches). Combien de temps pouvez-vous rester sans boire une goutte ? Avez-vous envie de consommer de l’alcool, pourquoi ? A quelle fréquence ? A quelle occasion ? En avez-vous besoin pour être joyeux, drôle en société ? Ou bien simplement calmer des angoisses, des peurs, oublier votre journée ou pour pouvoir dormir le soir ?

Nous sommes déjà mi-janvier, mais il n’est jamais trop tard pour commencer un mois, une semaine, un jour, dans la sobriété 😊

Et vous, où habitez-vous? Comment consomme-t-on l’alcool dans la région, le pays dans lequel vous vivez?

5 commentaires sur “Mois de janvier sans alcool

  1. Ici En République du Congo, l’alcool est en vente libre. Même des enfants peuvent en acheter. On peut en acheter à chaque coin de rue. Les gens consomment surtout de la bière. Il existe plusieurs marques. Chacune use d’ingéniosité pour pousser les consommateurs à boire plus, à coup de promotions et de publicités. Celles-ci s’affichent dans les grandes artères.

    Résultat, les congolais boivent de plus en plus jeunes et de plus en plus, étant donné que l’alcool coûte très peu cher. Une bière coûte en moyenne 500FCFA, alors qu’un kilo de viande coûte 4000FCFA.

    La consommation d’alcool n’est toutefois pas généralisée. Je ne consomme pas de l’alcool. J’ai jamais pu apprécier le goût. Il en est de même pour mes parents et mes sœurs.

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    1. Merci beaucoup pour ce partage! Et j’en reste presque sans voix…L’alcool est un véritable fléau, et plus l’on commence jeune et plus il est accessible, plus on est susceptible de devenir dépendant avec les problèmes que cela engendre… La publicité est « interdite » par ici, alors je n’imagine même pas si elle était autorisée…
      A bientôt!

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  2. Encore un sujet très intéressant – J’ai déjà écouté et lu plusieurs articles sur le sujet.
    Sensibiliser les gens, les jeunes, à ce fléau est nécessaire et essentiel. Car comme tu le dis c’est la seule drogue acceptée. Et les ravages sont terribles.
    Quand j’entends certaines de mes amies dire qu’elles ont commencé à boire dès l’âge de 12/13 ans et savoir qu’elles continuent maintenant qu’elles sont adultes à boire assez régulièrement, ça fait peur.

    En Irlande, où j’ai vécu pendant 7 ans, l’alcool est presque un sport national! Les jeunes par exemple, dès 16/17 ans, achètent des alcools forts car ce sont les moins chers et boivent avant de sortir en boite de nuit. Mais il y a aussi les bars, la bière, l’ambiance. Si tu termines ta soirée à vomir dans le caniveau, c’est le signe que tu sais profiter de la vie! Triste.
    Et ils se rendent compte aujourd’hui des dégâts psychologiques et physiologiques sur les jeunes générations.

    Pour ma part, je n’ai jamais apprécié l’alcool, et depuis plusieurs années, je ne me force plus du tout. Mais plus jeune, parce que ça se fait, parce qu’on se fait charrier sans arrêt, de temps en temps je me laissais aller à un verre ou deux.

    Bonne journée!

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