La semaine passée, en ajoutant un nouveau contact dans mon téléphone, j’ai constaté que j’avais deux cents contacts Whatsapp. Deux cents ! Ce qui voulait dire que j’en avais encore plus d’enregistrés dans mon téléphone car tout le monde n’utilise pas Whatsapp. Cela m’a paru énorme sur le coup et donc j’ai commencé à regarder en détail qui étaient réellement ces deux cents contacts.
Et il y avait à boire et à manger : des amis, de la famille, des collègues, des exs, des numéros utiles (concierge, garage etc), d’anciens employeurs et collègues, des personnes avec qui j’avais pris des cours, mais aussi des personnes décédées… Donc un soir de la semaine dernière, j’ai commencé à faire le tri et il y a des numéros que je n’ai pas réussi à effacer, ceux d’amis dont je n’ai pas eu de nouvelles depuis longtemps, et pourtant…
Les dix, quinze dernières conversations sur Whatsapp me renseignent bien sur la nature de la relation que j’ai avec la personne, c’est-à-dire, qu’elle est activement présente dans ma vie. Quant aux autres, elles ont disparu, elles se sont éteintes avec le temps sans plus d’explication que cela mais nous avons quand même vécu des choses ensemble, des évènements, des bribes de vie non effaçables.
Depuis toute petite, l’amitié pour moi est un lien sacré. Elle surpasse mes liens familiaux comme mes liens amoureux. A la vie, à la mort, les amitiés sont les seules relations qui peuvent durer toute une vie sans remettre en doute ce lien si spécial qui nous unit. Je vais être limite plus chagrinée par une trahison amicale que par une trahison amoureuse, familiale. Car contrairement aux relations familiales ou amoureuses sur lesquelles nous n’avons aucun contrôle, les amitiés elles, ne peuvent être forcées.
L’amitié dans ma vie a pris une place tellement importante que par exemple, avec ma meilleure amie, nous avons un projet de colocation quand nous serons toutes les deux à la retraite et que nos potentiels partenaires et enfants ne seront plus dans les parages… C’est dire 🙂 !
Les amis sont la famille que nous choisissons et par ce seul fait, elle surpasse pour moi, la famille existante. Ces liens évoluent avec le temps et peuvent donc se dénouer puisque dans l’ordre des choses nous sommes amenés à changer tout au long de notre vie et si certaines personnes ne suivent pas notre évolution personnelle, elles disparaissent tout simplement de notre entourage.
Depuis l’enfance, il y a eu du passage au niveau de l’amitié. Il y a encore quelques rescapés rencontrés en classe de primaire avec qui j’échange de temps en temps mais ils ne sont pas présents physiquement. Puis il y a ces amis rencontrés aux débuts de ma vie d’adulte, qui eux conservent une saveur particulière car nous nous sommes vraiment choisis : ni l’école, ni les parents nous ont fait nous rencontrer, mais au hasard de bancs de la faculté, de cours de sport ou de relation de voisinage, nous nous sommes liés d’amitié. Nous avons alors expérimenté ensemble, les premières galères de la vie d’adulte : les choix de carrière, les fins de mois difficiles, les premiers chagrins d’amour et les premières trahisons.
Entre 25 et 30 ans, tout ces liens cumulés avec le temps sont toujours bien présents et l’on vie encore un peu en mode « tribu » comme pendant nos années étudiantes. Nous sommes au début de notre vie professionnelle, pas forcément en couple ou ayant des enfants donc libres de nous voir et de prendre un avion, un train pour des évènements importants comme un anniversaire, un mariage, un baptême ou juste la seule envie de passer quelques jours ensemble. Mais c’est aussi la période où l’on réalise que certaines amitiés ne vont que dans un sens : c’est toujours nous qui nous déplaçons, toujours nous qui prenons des nouvelles ou toujours nous qui souffrons de l’absence d’un tel ou d’une telle. Comme en amour, l’amitié demande de la réciprocité, et si cette réciprocité n’existe pas, tant que tout va bien, cela peut convenir, mais quand les choses commencent à aller mal, on réalise qui est vraiment là pour nous coûte que coûte et l’on se doit alors de faire le ménage autour de nous. Une explication n’est pas forcément nécessaire, car naturellement le lien se délite, et tout simplement on arrête de s’écrire, de se parler, de se voir. En revanche si l’on souhaite vraiment avoir une explication avec l’autre, c’est qu’au fond de nous, on pense que tout n’est pas perdu et que l’on a un réel souhait de sauver cette amitié d’une manière ou d’une autre.
C’est souvent durant cette phase où l’on peut se sentir un peu seul. Faire le tri n’est jamais simple, mais une fois qu’il est fait, on sait que les personnes qui gravitent autour de nous sont les bonnes. Que se seront désormais elles que l’on pourra appeler en cas de chagrin d’amour, de perte d’emploi, de deuil, de déménagement, de travaux chez soi etc. Mais aussi celles qu’on appellera pour célébrer nos victoires, nos joies ou tout simplement notre amitié.
J’ai l’impression qu’avec le temps, nos cercles amicaux rétrécissent. On ne peut décemment pas entretenir une centaine de relation dans notre entourage et les considérer tous comme des amis. Cela s’appelle plutôt un réseau, certes que l’on peut entretenir, mais ce n’est pas le réseau qui sera présent en cas de « problèmes personnels » ou dont on se souviendra quand notre heure de fin arrivera. Plus le cercle est petit et plus on peut être sûr qu’il est réel et véritable.
A quoi bon courir après des gens qui ne sont que rarement disponibles pour nous ? A quoi bon relancer une, deux, trois fois pour se voir sans aucun résultat ou proposition de l’autre côté? Rien de bon n’en sortira, à part une perte d’énergie accompagnée de multiples déceptions. Notre temps sur cette Terre est précieux, ne l’oublions pas.
Et quand est-il de ces amis qui vivent au-delà de nos frontières et que nous n’avons pas vu depuis des années ? Avec certains c’est toujours facile, on s’appelle régulièrement et c’est comme si nous nous étions vus la veille ; tandis qu’avec d’autres il faut juste espérer que la prochaine fois que nous nous verrons, un fossé ne s’est pas creusé dans notre relation.
Alors que faire de ces deux cents contacts enregistrés dans mon téléphone ? Une partie a été effacée, l’autre non. On ne sait jamais : j’ai peut-être été effacée chez certains que moi j’ai gardé et vice versa. Seul l’avenir me le dira.
Très bien dit. Sur Facebook, j’ai environ une centaine d’amis. Un tiers sont des connaissances des trois dernières années, depuis que j’ai commencé à apprendre le français. Mais de l’autre deux tiers, la grande majorité sont des anciens copains de classe du lycée où à la fac, et la vérité, c’est que je ne me sens pas proche d’eux du tout. C’est juste qu’au fur et à mesure où tout le monde a rejoint Facebook, ils ont tous cherché des noms familiers. Mais en certains cas, je ne les aime même pas ! C’est juste que je ne voulais pas avoir des problèmes en disant « non ». Alors je pense aussi à faire le tri, mais vu que cette liste est publique, j’ai pas trop envie de relancer de vieux arguments.
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C’est juste! Les réseaux sociaux sont un bel exemple de « tri » à faire… Bon dimanche et merci pour le commentaire 🙂
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Je fais ce tri assez régulièrement car à quoi cela sert il d’avoir des tonnes de numéros pour ne pas les utiliser.
Moi aussi je place l’amitié en haut du podium, si l’on peut dire, j’ai été déçue, rayée la carte parfois mais mes amies sont les personnes qui comptent presque le plus pour moi. Elles ont accès à une partie de moi que peu de gens connaissent. Elles ont toujours été là, nous avons toujours été là les unes pour les autres et ce depuis plus de 20, voir 25 ans pour certaines. Nous avons pris les coups de la vie ensemble et célébrer nos plus grandes joies main dans la main. Ce sont ces amitiés pour moi qui comptent, le reste comme tu le dis c’est du réseau et parfois ce n’est juste que des souvenirs!!
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