Le couple et l’argent

La semaine passée nous avons traversé la « fête » de la Saint Valentin qui met une nouvelle fois l’attention sur le couple dans notre société. A défaut de Miley Cyrus, ce jour-là, je ne me suis pas achetée des fleurs ou je ne suis pas partie danser sans être accompagnée, en revanche, je me suis tenue la main, mais cela je le fais déjà toute l’année.

A ce jour, étant libre de tout engagement avec un partenaire et essayant tant bien que mal d’abolir définitivement toute situation non claire avec le sexe masculin de type « situationship » (une relation sans engagement donc la durée est indéfinie), je suis seule à gérer mon argent : soit mes revenus et mes dépenses.  Il y a quelques mois, avec l’augmentation du coût de la vie cela a commencé à me poser soucis. Et oui, en tant que célibataire, je suis libre de faire ce que je veux de mon argent, mais je suis obligée de tout payer plein pot : le loyer, les factures, les déplacements, la nourriture, les impôts (28% de mon revenu) etc. Alors quand tout augmente et que le salaire ne suit pas forcément dans les mêmes proportions, on se dit que les couples ont littéralement tout gagné. En plus d’avoir une « sécurité » affective et sexuelle, ils ont une sécurité financière qu’en tant que célibataire je ne possède pas forcément tout le temps. En fin d’année dernière j’ai dû redoubler d’ingéniosité pour faire face à des factures de santé par exemple. Alors je me suis mise à imaginer ce que je ferais de tout cet argent gagné si j’avais la chance de partager mes charges…

Mais la question qui se pose demande à réfléchir. Quel est le meilleur moyen de partager sa vie avec son partenaire financièrement parlant ?

La manière classique est de faire moitié-moitié mais en y réfléchissant bien, le moitié-moitié ne peut que fonctionner si les deux partenaires gagnent exactement la même chose, sinon l’un s’appauvrit et l’autre s’enrichit. Simple calcul de maths. Il peut aussi y avoir également un accord entre les parties (et là c’est la nana qui travaille en étude d’avocats qui ressort 😊) comme le « Je paye le loyer et toi tu payes les courses », sachant que souvent dans le couple hétérosexuel le loyer/le prêt sera payé par l’homme et les courses par la femme. Ce qui peut sembler à première vue équitable, mais qui en réalité ne l’est pas forcément.

En plus de payer les courses, par défaut se sera la femme qui les fera le plus souvent et par conséquent fera également la cuisine. Ce temps passé à faire ces tâches ne sera donc pas employé à faire autre chose (loisirs, carrière, investissements) au contraire de l’homme qui lui n’aura qu’à avoir un virement automatique à faire de son compte pour leur assurer un toit sur la tête et aura l’esprit et le temps libres de se concentrer sur ce qu’il souhaite. La charge mentale et l’énergie qui va avec pour tenir le foyer reposeront donc sur la femme. Je grossis le trait, mais la vie à deux peut très vite devenir un cliché du couple du siècle dernier. Et s’il y a séparation, ce qui restera à la femme ne seront que les pots de yaourts vides. Titiou Lecoq, autrice du livre « Le couple et l’argent », l’explique très justement avec sa théorie des pots de yaourts vides.

Alors je conçois que parler d’argent quand on est amoureux et que l’on pense que cette relation durera sûrement toute notre vie ou du moins une bonne partie, peut vite amener un malaise. Sauf que l’argent devrait être l’un des sujets principaux dans le couple. On ne peut vivre décemment que d’amour et d’eau fraîche, surtout à notre époque. L’argent n’amène pas le bonheur, en revanche il y contribue fortement en apportant de la sécurité et de la liberté. Et plus on en parle, plus on sera à l’aise à en parler et à agir pour améliorer les choses. C’est comme pour tout.

Mais l’argent a toujours été un tabou. Nous n’avons pas d’éducation financière à l’école, on n’en parle pas à la maison en famille, ni avec nos amis à l’âge adulte. Suivant les postes et les entreprises dans lesquels nos familles et amis travaillent, on a une vague idée de ce qu’ils peuvent gagner. Les signes ostentatoires nous donnent des indices : type de logement et de meubles, type de voiture, type de vacances, fréquence de sorties… Mais nous ne mettons jamais de chiffre sur ce train de vie. Seule chose dont nous sommes absolument sûrs, c’est que les femmes, à poste égal vont gagner moins que les hommes. En Suisse cette différence grandit à hauteur des responsabilités au cœur de l’entreprise. On parle tout de même d’une moyenne de 20% de différence de revenu sur toute une vie. Alors pourquoi, dans ce cas-là, faire du 50/50 dans les dépenses lorsqu’on est en couple ?

La meilleure des solutions, il me semble, est de faire un calcul au prorata des revenus pour le paiement des factures. Comment cela marche ? Déjà il faut mettre chacun ses fiches de paye sur la table. Cela peut paraître désagréable mais c’est le seul moyen d’être sûr de ce que l’autre gagne. Je parle seulement ici des revenus provenant des salaires seuls, tout en sachant que des revenus passifs peuvent exister chez l’un ou chez l’autre.

Ensuite il faut additionner les deux revenus nets, exemple suisse : 5’500 + 7’500 = 13’000.  Le loyer étant à CHF 1’900, la femme gagnant donc CHF 5’500 net devra payer sa part de loyer qui sera de : 1’900 x 5’500 / 13’000 = CHF 803. L’homme paiera alors la différence qui est de CHF 1 097. Dans le cas du 50/50, chacun aurait dû payer CHF 950, soit à l’année une perte nette pour la femme de CHF 1’764. Somme non négligeable à additionner avec le reste des charges bien entendu.

Ce que l’autrice Titiou Lecoq conseille également c’est de participer à tout gros achat dans le couple : voiture, maison, électroménager. Car encore une fois, si l’on n’a pas participé à ces frais, on en profite certes le temps de la relation, mais on ne peut rien récupérer lors de la séparation. Il ne faut pas non plus oublier que si l’on souhaite avoir des enfants, en plus d’une pause dans nos carrières professionnelles de plusieurs mois, souvent, après la naissance de ces derniers, on souhaitera baisser notre taux horaire pour s’occuper des enfants. L’homme, quant à lui, continuera à travailler à 100%. Là aussi il y aura une perte de revenus pour la femme et une vigilance à avoir dans son taux de participation au ménage.

Personnellement étant plus fourmi que cigale et ayant vu les choses se dégrader doucement mais sûrement au niveau de la situation de mes parents, je conseille de toujours conserver un petit matelas en cas de pépin qui permette tout simplement de pouvoir partir sans heurts en cas de dégradation de la situation qu’elle soit temporaire ou définitive. Et en plus de cela bien entendu, s’éduquer financièrement régulièrement et trouver des sources de revenus diverses et ne pas compter seulement sur son salaire ou les prestations de l’état. Il y a divers moyens de compléter ses revenus : immobilier, Airbnb, trading, activités créatives etc. Il faut juste se lancer.

Bref, vous l’avez compris, il ne faut surtout pas s’endormir financièrement lorsque nous sommes en couple, être toujours vigilante car on ne sait jamais de quoi demain sera fait. Chaque couple possède son mode de fonctionnement propre, et je ne suis personne pour juger comment fonctionne un couple. En revanche ce fonctionnement peut changer avec le temps lorsqu’on prend conscience des nombreuses possibilités qui s’offrent à nous!