Il y a de ces livres que l’on lit d’une traite et celui-ci en fait partie. Réveillée tôt en ce dimanche matin, et ayant à ce jour, encore la liberté de décider de ce que je fais de mes dimanches, j’ai décidé de reprendre ma lecture commencée hier chez mon coiffeur.
Ce livre m’a chaviré le cœur. Mes tripes. Mon corps. Je suis passée en l’espace de quelques heures de la fascination à la désolation, ponctué de quelques sourires grâce à la plume de Grégoire Delacourt qui fait partie de mes favorites.
Si vous avez parcouru ce blog depuis sa création, vous savez que les sujets qui me touchent le plus et que je traite ici sont des sujets concernant les femmes. Mais cette fois-ci, cette histoire concerne les hommes.
De quoi cela parle ?
C’est l’histoire d’un père qui découvre qui a violenté son fils et le retrouve. C’est l’histoire d’un huis clos entre un père et « un Père », le violeur, dans une église pendant trois jours. C’est l’histoire d’un père qui a été élevé dans le catholicisme et qui se retrouve face au bourreau de son fils qui prêche lui-même cette parole de Dieu dans laquelle le père a été élevé et dont il connaît les histoires et les questionne. C’est l’histoire complexe du prédateur et sa proie et de ce père qui s’en veut de ne rien avoir vu et qui veut comprendre, connaître la vérité, faire justice, mettre à jour ce silence qui fracasse tellement d’enfants encore aujourd’hui, dont le sien qui a à peine 10 ans.
Pourquoi cette histoire interpelle ?
Car elle traite d’un sujet qui a jailli dans les médias depuis quelques années maintenant, celui de la pédophilie au sein de l’Eglise et de l’impunité et de la protection dont bénéficient ceux qui la pratique. Tout au long de son roman, l’auteur met en lumière différents textes et histoires de la Bible que son personnage principal a appris lors de cours de catéchisme, notamment ceux du sacrifice, du fils et du silence. L’emprise de ce Dieu qui n’existe que dans l’interprétation de cette Bible qui expliquerait toutes nos actions humaines, et qui surtout, aurait le pouvoir d’empêcher l’homme d’agir par un quelconque moyen s’il considèrerait que ce qu’il fait, est mal… On y apprend les rouages d’un processus trop bien huilé et connu par l’Eglise qui se protège pour une question, je suppose, d’image.
Cette histoire interpelle car elle décrit l’impuissance que les parents peuvent ressentir face à une telle situation, et plus particulièrement le père qui cherche à tout prix ce qu’il a bien pu faire de mal pour que son fils subisse de tels actes. Il s’en veut de n’avoir rien vu, de ne pas avoir su le protéger et souhaite se venger. Le venger. Mais il se rend compte que la vengeance a ses limites, comme le pardon. Que le pardon ne peut effacer les actes commis, chose que, bien entendu, le prêtre demande au père. Le pardon, nous le savons n’est là que pour soulager la victime pour qu’elle puisse aller de l’avant. Le pardonné espère (ou est persuadé) qu’avoir été pardonné permettra la disparition de ses actes les plus honteux. Ainsi il peut agir à sa guise, répéter les mêmes actes jusqu’à la fin de sa vie. Obtiendra-t-il alors une place au paradis grâce à son statut d’intermédiaire entre Dieu et les hommes?
On y lit aussi le silence d’un enfant qui se répercute sur son corps. On y lit la découverte de l’innommable et les soupçons directement portés sur le père. On y lit le délitement d’une relation parentale et la solitude de l’enfant qui auraient été une porte ouverte à ce qui lui est arrivé. On y lit une prise en charge tardive mais un espoir de reconstruction grâce à des parents aimant et qui ne souhaitent que le meilleur pour leur fils bafoué. On y lit que la parole a un pouvoir libérateur et de guérison pour pouvoir se nettoyer de l’intérieur et aller de l’avant.
Bref, ce texte est juste incroyable ! J’ai pleuré, j’ai frissonné et surtout je n’ai à aucun moment voulu louper une seule ligne.
Je suis sensible à tout ce qui est sujet aux viols, abus et agressions sexuelles, précisant ici que je ne fais pas partie des victimes de tels actes. Les livres ou documentaires que j’ai lus et vus ont toujours porté sur les femmes. La plupart du temps je n’arrive pas à lire les mots et je saute certains passages car j’ai l’impression de moi-même vivre la situation. Ce n’était pas le cas pour ce livre. Peut être parce que je ne suis pas un homme, ou peut être parce que l’auteur a su décrire et écrire pour pouvoir être lu jusqu’au bout…
Puis une fois terminé, j’ai ce truc dans le ventre, cette excitation qui est apparu. Ce truc qui me pousse à allumer mon ordinateur et une nouvelle page blanche. Je n’avais donc qu’une envie : écrire sur ce livre pour vous le faire partager.
Merci de nous l’avoir partagé.
Il y a des lectures comme cela qui nous bousculent et des sujets qui nous passionnent pour des raisons inconnues.
Sujet délicat et si Grégoire Delacourt arrive à nous emmener au bout de son récit sans qu’on zappe certains passages, alors c’est du grand art!
J’aimeAimé par 1 personne
Merci de lire et de commenter si régulièrement mes articles 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Toujours un plaisir!
J’aimeAimé par 1 personne