« Je suis incapable d’aimer une femme de 50 ans ».
Yann Moix, 50 ans, auteur récompensé pour ses ouvrages (Goncourt et Renaudot), avait, je pense, besoin d’un peu de pub pour son nouveau roman. Car, tenir ce genre de propos au magazine féminin Marie-Claire, en plus de toutes autres sortes de commentaires sur le corps des femmes de 25 et de 50 ans, de sa « lassitude face au corps de l’autre à cause du temps qui passe » en plus de « l’invisibilité des femmes de 50 ans », est pour sûr, pour faire le buzz, non ? Ah non ? Ah oui pardon, c’est vrai : il aime provoquer! Pour le coup, il a réussi.
Certes, son nouvel ouvrage, « Rompre », décrit et analyse l’une de ses ruptures amoureuses et la journaliste se devait de lui poser des questions personnelles sur son relationnel avec les femmes. Elle a juste fait son boulot en rapport avec son sujet. Mais si un roman est aussi personnel, savoir que son auteur peut être aussi insultant, pourrait-il faire chuter ses propres ventes ? Même pas sûr…
Le terme aimer employé dans ce contexte, me fait tilter. Car, fait-il la différence entre désir et amour ? Est-ce une erreur de retranscription ? Après un demi-siècle de vie sur cette planète et une bonne trentaine d’années d’expérience avec les femmes, que cet homme puisse se refuser d’aimer une femme à cause de son âge, est-ce vraiment possible? Ou ne parle-t-il que de désir ?
Entre désir ou amour : mon cœur balance
Le désir et l’amour sont deux sentiments forts dont nous avons souvent du mal à faire la distinction.
Le désir est avant tout un lien physique avec l’autre. C’est un sentiment bref et qui peut être violent. Il peut partir aussi vite qu’il est arrivé, il est donc instable. Il est égoïste, car désirer quelqu’un, au fond, c’est vouloir se satisfaire soi-même et pas forcément l’autre.
Quant à l’amour, c’est ce qui nous lie émotionnellement à l’autre. Il prend du temps. Il s’apprivoise, se travaille, et il n’a pas d’âge. Il ne peut être violent, et il se veut être constant. Aimer quelqu’un c’est faire passer l’autre avant soi.
Le désir et l’amour s’entremêlent que nous ayons 20, 40 ou 60 ans… A 20 ans le désir passerait souvent avant l’amour, à 40 ans on aimerait désirer autant qu’aimer, à 60 ans se serait l’amour qui passerait avant le désir. Ou inversement ? Désir sans amour, amour sans désir, les deux sont possible. D’ailleurs, nous nous poserons tous un moment donné la question : je reste ou je pars ? Car notre génération veut les deux et sans trop de concessions.
Un idéal à atteindre
Nous sommes dans une époque où l’on nous apprend plus à désirer qu’à aimer. « Normal » dirais-je, car nous sommes dans une société centrée sur nous-mêmes et non sur les autres.
Mais nous souhaitons tout de même la combinaison des deux, et sans date d’expiration ! En couple ou célibataire, nous aimerions que le désir ne s’éteigne jamais et que l’amour dure toujours. De ma courte vie, les couples qui tiennent des décennies, sont les couples qui s’aiment vraiment. Et sans aller dans les détails de leurs chambres à coucher, je suis persuadée qu’ils se sont tous désirés ardemment et pendant longtemps. Si la base d’un couple se fait sur le désir au début, il se transforme dans la durée pour laisser place à l’amour, l’amitié, la complicité, les projets et toutes autres formes agréables qui font que l’on reste avec le partenaire. Le désir, va et vient, il ne disparaît pas complètement, mais l’amour, lui, reste et se transforme constamment.
Est-ce la raison pour laquelle aujourd’hui, tant de couples se séparent après seulement quelques années passées ensemble ? Car désir et amour se sont peut-être confondus.
Alors Monsieur Yann Moix, vous parlez de désir ou d’amour ? Peu importe, vos propos étaient juste insultants pour vous-même et pour les femmes. Mais je vous rappelle tout de même qu’il ne faut jamais prendre ses désirs pour des réalités et que surtout, quand on aime, on ne compte pas.