Dans notre contexte actuel nous ne sommes plus censés nous toucher. Nous ne nous faisons plus la bise pour nous dire bonjour, nous ne nous prenons plus dans les bras quand nous nous voyons, nous ne mettons plus une main sur l’épaule de l’autre quand nous avons besoin de son attention, nous ne nous prenons plus les mains… Bref, de petites ou grandes bulles transparentes se sont construites autour de nos corps pour ne pas/ plus être approché à cause de ce virus invisible qui chamboule nos vies depuis maintenant presque un an.
En tant que célibataire, cela pèse encore plus. Célibataire et sans famille? Cela pèse encore, encore plus! Je suis sur le point de me prendre un chat, c’est dire ! Nous n’avons pas de partenaire à la maison sur laquelle/lequel se rattraper niveau caresses et tendresse ou de soeur, frère, parents à prendre dans nos bras de temps en temps. Passant la journée sur nos écrans, nous ne sommes plus non plus motivés à nous mettre sur des applications de rencontres pour trouver un amant virtuel pour quelques semaines. Nous voulons du vrai, du concret, de l’humain : des rencontres liées au hasard, à des sorties, n’impliquant pas d’écran. Enfin… Cela n’engage que moi et se serait partir sur un autre sujet.

J’ai lu dans un article récemment que si un bébé n’était pas touché lors des premiers mois de sa vie, il ne survivait pas, mais ne sommes-nous pas tous au final de grands bébés ? On le voit avec les personnes âgées, non? Isolées pour être protégées, mais qui se laissent « partir » car elles n’ont plus vraiment de raison de rester, d’exister. N’avons-nous pas TOUTES et TOUS besoin de baisers, de caresses, de tendresse, de sentir que l’autre est là pour ressentir ce calme, cette paix intérieure qu’il/elle nous procure ? Que cela soit un parent, une amie, un collègue…. Ces petits gestes dont on ne se rendaient plus compte commencent gravement à nous manquer, du moins à me manquer personnellement. Et pourtant, il y a une époque où on ne pouvait pas me toucher. Je sursautais à chaque fois que l’on me mettait une main sur l’épaule et je n’étais pas du tout une adepte de câlins et de bisous.
Les temps ont bien changé et ce serait vous mentir de vous dire que j’ai suivi ces règles à la carte depuis maintenant presque une année. Il y a tout simplement des personnes avec qui le « ne pas se toucher, ne pas se bisouiller » n’est tout simplement pas possible. J’espère donc que vous avez fait de même, sinon ce serait courir à notre propre perte !

Alors pour autant, devons-nous nous rattraper avec des mots ? Oui bien sûr, si ces derniers sont sincères. Car moi, je n’en peux plus du « Prenez soin de vous ! », qu’il soit au téléphone ou dans les emails que je reçois du boulot, pas vous ? Comme si ces clients que je n’ai jamais vus ou bien ces collègues que je n’apprécie pas forcément, se souciaient vraiment de ma petite personne. J’ai l’impression que ces quelques mots sont devenus surfaits. Ou peut-être que ce sont les mots de politesse du moment, mais comme je n’ai jamais été une fille « à la mode »…
Enfin, si vous avez lu deux ou trois articles de mon site, vous avez bien compris que je ne suis pas une adepte des mots d’amour. Ils ne sont pas mon fort du tout. Pourquoi ? Alors ce n’est clairement pas le moment de creuser de ce côté. En revanche, les actes, les gestes ont toujours prévalus aux mots.
Ces gestes qui ont pu me toucher, ou qui me touchent encore aujourd’hui. Ces moment où je me dis que je compte un peu (ou beaucoup), que cette bienveillance est la bienvenue et qu’elle fait tout simplement un bien fou :
- Se souvenir de ce que dit l’autre : les noms, les événements, les ressentis.
- Soutenir l’autre dans un projet (gratuitement) : l’aider à se faire connaître, trouver de l’argent (légalement bien sûr), former, conseiller.
- Ecouter vraiment l’autre et ne pas (plus) le/la juger.
- Pardonner à l’autre et à soi-même.
- Faire rire l’autre.
- Se faire mutuellement confiance.
- S’occuper de l’autre: prendre des nouvelles, lui préparer à manger, lui faire des achats, lui réparer des objets, des vêtements, etc…
- Partager : un repas, des idées, une soirée.
Cela peut sembler banal comme cela, mais en ce moment, ce sont les plus petits gestes qui comptent. A partir du moment où l’on prend vraiment conscience du pouvoir que ces petits gestes peuvent avoir sur l’autre, on garantit à la relation une aisance et une sérénité sur la longévité. Cela fonctionne pour l’amour filiale, platonique, romantique, passionnel… Enfin pour tout type de lien bienveillant qui nous lie à un autre être humain. Des disputes peuvent – doivent survenir, sinon cela deviendrait un peu trop ennuyeux…Le principal c’est qu’après la tempête, on puisse communiquer avec l’autre, mettre les choses à plat, essayer de se comprendre et trouver des solutions ensemble.
Mais que cela soit clair, rien ne remplacera vraiment la sensation que l’autre nous procure en nous étant proche, par un baiser, par une étreinte, par une caresse. Mais à défaut de pouvoir s’approcher comme avant, concentrons-nous sur ces petits actes qui rendent notre quotidien plus lumineux, plus respirable, plus vivant en attendant que cette crise passe.
Et vous ? Dites-moi tout ? Qu’ai-je oublié dans la liste ? Quels sont ces gestes, ces actes d’amour que vous voyez, vivez quotidiennement ?
Je suis entièrement d’accord avec vous. C’est une très belle analyse de cette solitude qui pèse. Je le vois bien autour de moi.
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Merci – à être plus seule qu’en temps « normal » on se rend plus compte de ces petites choses…
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Oui c’est vrai. J’ai connu mon premier « confinement » lorsque j’ai arrêté de travailler il y a 6 ans pour raison de santé. Et j’ai appris énormément depuis …
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De même pour mois, quelques mois avant le premier confinement…
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On essaie d’en tirer le meilleur 😉
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Les calinous de mon chat me semblent de plus en plus précieux et d’ailleurs toutes les marques d’affection tactiles de notre entourage… Heureusement, on peut encore être touché par le soleil, l’eau (de mer, bains, douches), les grosses couvertures, marcher pieds nus sur le sable ou l’herbe…faut se focaliser sur ce qu’il nous reste! 🙂 très bel article, merci de ton partage 🙂
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Merci beaucoup 🙂
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Ah les étreintes… Heureusement il me reste mon neveu, qui a 4 mois, pour les bras. C’est sûr je désinfecte mes mains avant de le toucher, j’ai un masque mais le sentir s’endormir dans mes bras, ça n’a pas de prix, encore plus maintenant. Je ne suis pas tactile en général mais je le suis X3000 avec mes sœurs, mon cousin, c’est un peu spécial de ne plus pouvoir. Bon j’avoue, à Noël j’ai pris mon cousin dans mes bras, des restrictions je veut bien, empêcher ce petit bonhomme de 7 ans de venir dans mes bras c’est hors de question
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N’hésite pas pour le chat 🙂
Très bon article, je me sens toute proche de ton analyse.
Quand une personne te dit » prends-soin de toi » elle est je crois aussi sincère que lorsque tu le dis toi,
et même si elle te connait seulement de loin (un(e) collègue, elle te signifie par là le partage de votre humanité.
Bisous 🙂
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