« Woman », d’Anastasia Mikova et de Yann Arthus-Bertrand

Chers lecteurs, chères lectrices,

En ces temps de confinement forcé, mais au plus grand bonheur de Dame Nature, j’espère que vous vous trouvez des activités autres que Netflix, les réseaux sociaux et votre frigidaire… Les temps étant plus qu’incertains, je pense que le sport, la lecture et les activités créatives sont les plus à même de nous occuper sainement afin que quand nous sortirons de cette crise sanitaire nous le ferons sans trop de dommages…

Pour ma part la lecture a pris une grande place dans l’occupation de mes journées. Les bibliothèques étant désormais fermées et ne sachant plus maintenant quand elles rouvriront il fallait que je me fasse un plein de bouquins (et non de papier toilette…) au cas où !… Cinq semaines de « quarantaine » en solo de fin 2019 à début 2020, m’ont appris certaines choses. A croire que rien n’arrive au hasard. Donc à défaut d’aller « emprunter » des livres, je suis allée en « acheter ». Au diable ma résolution de préserver l’environnement et mon porte-monnaie en matière de lecture.

Bref, il y a deux semaines je me suis précipitée dans une énorme librairie et l’un des premiers livres exposés que je pris à consulter fut le magnifique ouvrage « Woman » d’Anastasia Mikova et de Yann Arthus-Bertrand.

Je ne suis pas fan de « beaux livres ». J’en ai quelques uns à la maison, mais ils ne concernent que des destinations où j’ai été et peut-être un ou deux livres de cuisine. Mais celui-là, chers lecteurs, chères lectrices vous devez au moins y jeter un œil, à défaut de l’acheter ! Amazon ? Non. S’il vous plaît, attendez quand même que la crise passe. Ils vont se faire des dividendes de malade et se seront quasi les seuls en 2020, donc ne participons pas à leur gavage s’il vous plaît !

Le livre provient donc du documentaire qui est actuellement sur nos écrans mais que nous ne pourrons voir que plus tard car les cinémas sont fermés… Il donne la parole à 2’000 femmes à travers 50 pays sur des thèmes qui nous concernent tous et toutes. La première histoire que j’ai lue dans la librairie était la suivante :

Claribel, Colombie

« A 15 ans, je me suis mariée. A 16 ans, j’ai eu ma première fille. A 17, j’ai eu la deuxième. A 18, j’ai eu la troisième. A 20, j’ai eu un quatrième enfant. Et à 23 ans j’ai eu le cinquième qui était encore une fille. Pourquoi comme ça d’affilée ? Parce que mon mari pensait que c’était à lui de décider quand je pouvais tomber enceinte, ou pas. Il ne me laissait pas prendre la pilule : pour lui, les femmes qui la prenaient étaient celles qui trompaient leurs époux. Il disait qu’une femme pure n’a qu’un seul homme et n’utilise pas la contraception, c’était à lui de le faire ».

Cela m’a fait comme une décharge électrique dans tout le corps son histoire. Donc j’ai voulu continuer avec d’autres histoires, d’autres femmes, pour au final, mettre le livre sous mon bras et me diriger vers la caisse après en avoir choisi deux autres.

 

L’ensemble de l’ouvrage se divise en plusieurs parties :téléchargement (9)

  • Être une femme
  • Vivre son corps
  • Explorer sa sexualité
  • Devenir mère
  • Être en couple
  • Dire les violences
  • S’émanciper

Chaque chapitre est divisé en récits de vie, témoignages, chiffres, de « tribunes » où sont développées les thématiques de société, interviews de femmes pionnières de notre époque et d’un (seul) homme : le Docteur Denis Mukwege « l’homme qui répare les femmes » en RDC et qui a reçu le prix Nobel de la paix en 2018.

A chaque page, une émotion. Sur chacune d’elles, on trouve le ou les visages de femmes, jeunes et moins jeunes, de la Biélorussie à l’Ethiopie, de l’Afrique du Sud à la Bolivie, du Canada à la France. Chaque femme rayonne. Chaque femme est mise en lumière, avec leurs histoires loin d’être belles. En revanche elles ont toutes un point commun : la résilience en tant que femme. Chacune est une super-héroïne.

En parcourant ces pages et ces visages j’ai beaucoup souri mais j’ai aussi pleuré : d’injustice, de tristesse et d’empathie. Où comment la moitié de notre humanité à l’heure d’aujourd’hui est encore traitée comme des êtres de seconde classe? Comment des femmes dotées d’un courage à toute épreuve ont pu, grâce à leurs actions et leur persévérance, faire une différence et entraîner d’autres femmes sur le même chemin ? Comment, selon l’endroit où l’on habite, les parents qui nous élèvent, l’éducation que l’on nous donne, nos droits soient aussi différents et nos actions limitées ?

Et surtout de se rendre compte qu’être éduquée, indépendante financièrement, respectée et soutenue par son entourage et son partenaire, enfin, d’être libre tout simplement, est un réel privilège en rapport avec la majorité des femmes vivant dans notre monde. Ce livre met en lumière cette dure réalité.

Mais comment ? Pourquoi ? Et que faisons-nous pour y remédier ? Ce livre offre des informations, des pistes à suivre, des actions à entreprendre, des choses à changer.

La révolution est en marche, nous le savons. Mais soyons conscientes que les droits que nous avons aujourd’hui ont été durement acquis et qu’ils sont encore fragiles car (entre autres) les pouvoirs politiques misogynes peuvent à tout moment nous les retirer, je pense à l’Amérique de Trump ou au Brésil de Bolsonaro. L’éducation fera la vraie différence pour les futures générations, et pas seulement celle des filles, surtout celle des garçons !

Spécialement aujourd’hui, en Occident et partout ailleurs, à l’heure du confinement, je pense à ces femmes démunies qui sont comme nous obligées de rester chez elles mais avec un mari, un frère, un père, un cousin, un fils, abusif/violent/alcoolique/drogué etc… Comment font-elles durant cette période de crise sanitaire ? Où leurs foyers ne sont pas leurs refuges mais leurs prisons? Quelles seront alors les statistiques des féminicides ? Des plaintes pour violence conjugale ? pour abus sexuels ? Seul le temps nous le dira.

Des mort(e)s il y en aura par milliers, mais pas seulement ceux dont on nous parle quotidiennement dans les médias depuis maintenant deux semaines. Agissons à notre échelle, appelons, accueillons ces femmes que nous connaissons et qui sont dans la difficulté. Soyons solidaires, les hommes l’ont toujours été entre eux, alors pourquoi pas nous?

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3 commentaires sur “« Woman », d’Anastasia Mikova et de Yann Arthus-Bertrand

  1. Bonjour

    J’ai vu le documentaire et pendant 1h45 je suis passée par toutes les émotions. J’ai été, dans le même temps subjuguée, par le courage, la force et la beauté de toutes ces femmes. Pas seulement la beauté physique mais celle que l’on arrive à percevoir à travers leur regard ; c’est comme si on effleurait leur âme. Puis la colère et la tristesse s’en sont mêlées. Je me suis sentie impuissante voire même paralysée face à elles. J’ai eu par moment des nausées et des envies d’hurler pour enfin laisser sur mon visage, les larmes coulées.
    Ce documentaire est d’une réelle authenticité.

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