L’écriture

Vous avez été quelques-un(e)s à me demander si j’écrivais toujours depuis la publication de mon recueil de nouvelles en janvier, ou tout simplement sur quoi j’écrivais ces derniers temps. La réponse est malheureusement toute simple : je n’écris sur rien. Preuve en est : mon absence récurrente cette année sur mon propre blog.

Je ne pense pas avoir perdu goût pour l’écriture, j’ai peut-être simplement perdu le goût de la discipline. La perte de discipline s’est aussi accompagnée d’une énorme lassitude face à… à peu près tout. J’ai l’impression que l’écriture doit être une hygiène de vie, qu’elle doit s’entretenir et se nourrir. Et ma nourriture intellectuelle et émotionnelle de ces derniers mois a été… compliquée. Mais je ne pense pas être un cas isolé… Après tout, écrire ne sert pas à grand-chose si c’est pour dire que « tout va bien ».

Pour relancer « la machine » je me suis achetée il y a quelques mois un nouveau journal. J’essaye d’écrire tous les jours. Donc, j’écris oui, mais sur un autre format. Le format qui a vu mon amour pour l’écriture naître il y a plus de 20 ans maintenant, celui du journal intime : un stylo et des feuilles de papier reliées. Et qui sait, peut-être qu’en noircissant une page après l’autre… les idées et les structures de textes commenceront de nouveau à venir hanter mes nuits.

Ecrire sur du papier avec un stylo remet vraiment les choses en perspective. Cela n’a rien à voir avec « taper » sur un clavier. La lenteur du geste fait réfléchir et écrire différemment. On ne peut pas revenir en arrière, raturer par manque de place ou par souci de netteté. On prend le temps. Ce temps après lequel on court tous les jours… Et le manque d’habitude donne très vite des crampes dans les doigts qui rappellent aussi des souvenirs de prise de notes à une époque où ma mémoire n’était pas autant mise au défi qu’aujourd’hui.

J’écris sur un ordinateur je ne retiens rien. Je prends des notes sur du papier avec un stylo, je retiens (presque tout). Pas vous ?

L’écriture m’a sauvée. L’écriture fait partie intégrante de moi-même, même si j’accuse une énorme pause dans sa pratique ces derniers mois. Sont venus ces derniers temps aussi ces questionnements sur ma légitimité, mes choix de sujets ou encore même de mon style d’écriture. Si cela servait à quelque chose ou à quelqu’un ou si c’était encore juste un plaisir égoïste que je souhaitais partager avec le monde comme certains le font avec leurs photos sur les réseaux sociaux. Pourquoi j’écris et pourquoi je ne fais pas de la poterie à la place ?

L’écriture me manque, et ma dispersion de ces derniers mois m’a juste donnée des excuses pour ne pas écrire du tout. Enfin, la dispersion s’appelle aussi « la vie », principalement. Elle, elle ne sait pas prendre de pause.

Mais sans vie, on n’écrit pas. Regarder à l’intérieur de soi est intéressant, mais cela peut vite devenir chiant. On peut facilement tourner en rond s’il n’y a aucun élément extérieur qui vient nous mettre en lumière qui l’on est ou du moins, comment l’on nous perçoit. Après tout, nos relations ne seraient que des miroirs de nous-mêmes et de nos expériences. Ce qui est donc le plus intéressant pour moi ce sont les autres, nos relations, nos interactions et le monde dans lequel nous évoluons. Et cette année fût très riche de toutes sortes d’actualités, de rencontres, de sorties, de situations mais aussi de prises de décisions, d’éloignements, de départs et de deuils.

La vie comme on la connaît, comme on la déteste et comme on l’aime. Ces vies incertaines dans lesquelles nous naviguons toutes et tous à vue. Et dans la mienne, je me sentais particulièrement incapable de vouloir prendre le temps pour me poser, m’isoler, réfléchir et tout simplement reprendre la plume. Je me suis trouvée énormément d’occupations et de distractions probablement parce que j’avais peur de ce qui aurait pu en sortir… Ou de me retrouver face à mon incapacité à retranscrire.

Cette année s’est posée la question de ce que je voulais faire les 30 prochaines années de ma vie. Grande question. Et dans un monde idéal cela aurait été : passer mon temps à écrire, passer du temps avec mes proches et découvrir le monde. Ecrire pour vivre. Vivre pour écrire.

Et vous, si vous n’aviez pas un loyer à payer ou tout simplement la nécessité de subvenir à vos propres besoins pour vivre, que souhaiteriez vous faire de votre vie ?

J’espère que vous allez bien dans ce monde qui devient de plus en plus fou… et j’espère vous retrouver de nouveau et (plus) régulièrement les prochains mois 😊

A bientôt,

Carnets d’une plume

4 commentaires sur “L’écriture

  1. Je compatis. Clairement si j’avais le temps, j’essaierai de vivre de l’écriture. Mais je passe la journée au boulot sur un écran, j’ai la dépression et la procrastination à gérer. En vrai, je m’en sors pas trop mal. Je me suis inscrite à des ateliers d’écriture et je recommence petit à petit. Mais en-dehors de mes heures de travail je n’ai presque plus d’énergie. Je vois des gens cumuler une rédaction de thèse, une publication de roman et un job et je me sens vraiment nulle et découragée.

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