Voter

Je ne sais pas vous, mais depuis une semaine je suis dépitée. Je me suis remise à écouter Diam’s, notamment Ma France à moi  et Marine.

Dimanche passé j’étais contente d’être allée voter, comme à chaque fois que je mets cette petite enveloppe dans une urne pour des élections. Je vis en Suisse depuis plus de dix ans et je n’attends qu’une chose, pouvoir aller voter et participer aux décisions collectives du pays dans lequel je vis. Mais je n’ai pas encore obtenu ce droit, bientôt, j’espère.

Alors, comme on me donne encore le droit de donner mon avis dans le pays qui m’a vu grandir, et vivant au sein de l’Europe, je ne me pose pas de question, j’y vais.

La première fois c’était lors de l’élection présidentielle Sarkozy-Hollande. Sur ma carte d’électrice figurait l’adresse de ma première chambre universitaire à Bordeaux et j’étais tellement fière ! J’étais devenue une adulte et la France me demandait formellement mon avis. Encore aujourd’hui, j’ai ce petit truc dans le ventre et la sensation du devoir accompli après chaque passage aux urnes.

Mais dimanche dernier, durant la soirée, j’ai été assommée coup sur coup. D’abord les résultats de la France aux européennes, puis très rapidement, la décision de « Manu » de dissoudre l’Assemblée Nationale. Pourquoi ? Coup de poker, folie, stratégie… Dans tous les cas, ce résultat et cette décision sont en train de mettre le feu en France, ou pas ? En 2002 quand Jean-Marie le Pen était passé au second tour, c’était toute la France qui était dans la rue pour faire barrage, mais aujourd’hui ?

Voter est un acte et un devoir citoyen. Voter c’est donner une chance à nos espoirs pour un avenir meilleur, un avenir possible : progression sociale, mieux vivre ensemble, réduction des inégalités. Mais quand 52% des électeurs ne vont pas voter, il y a effectivement des chances que le parti d’extrême droite remporte la partie. L’abstention cède généralement la place aux extrêmes.

Voter Rassemblement National (RN) c’est voter pour tout, sauf le rassemblement des Français.es. On ne peut pas voter pour un parti qui prône la haine, les discriminations et joue avec la peur des Français.es. Un parti qui dit blanc sur son programme et ses réseaux sociaux et qui vote noir lors des élections au sein des parlements français et européens. C’est de la démagogie pure et dure.

Enfermés dans nos petites vies et devant nos écrans, on oublierait presque qu’il y a des enjeux collectifs qui se jouent dans nos démocraties dans lesquelles on nous a donnés un droit, un pouvoir : celui d’aller voter. Non, les partis ne sont pas tous les mêmes. Oui un vote individuel peut faire la différence (c’est comme trier ses déchets, si chacun.e le fait, on avance et le gouvernement se doit de mettre en place des infrastructures pour rendre cette action viable et pérenne). Non, il n’y a aucune flemme à avoir quand il s’agit des valeurs de notre pays.

62% des femmes de moins de 35 ans ne sont pas allées voter la semaine passée ! Ce chiffre m’a donné un haut-le-cœur. Pour rappel, en tant que femme, il est d’autant plus important d’aller voter car ce droit nous l’avons obtenu qu’en 1944 en France, il y a moins de cent ans. C’est-à-dire que nos sociétés actuelles ont été construites qu’à partir des votes des hommes depuis des siècles. Cela en dit long sur le système de lois qui régit notre pays et des combats passés et actuels sur les violences sexuelles et sexistes, sur le contrôle de nos corps, sur les inégalités salariales etc.

Et il se passe quoi quand l’extrême droite arrive au pouvoir pour les femmes? En Italie par exemple, Georgia Meloni a autorisé l’accès aux militants anti-avortement aux cliniques de consultation afin de convaincre les femmes d’y renoncer. En Pologne, le droit à l’avortement a été restreint depuis 2015 seulement en cas de viol, d’inceste ou de risque de santé pour la mère. En Hongrie, toujours concernant l’avortement, le Président a instauré une loi obligeant les femmes à écouter le battement de cœur du fœtus afin de les faire renoncer à l’intervention.

A ce recul des droits pour les femmes, s’ajoute le recul les droits pour les personnes homosexuelles, transgenres, immigrées etc. En bref, toute personne n’étant pas, homme, blanche, hétéro, cisgenre et riche. Cela fait un paquet de personnes exclues, non ? Une grande majorité, même. Donc si vous vous retrouvez dans cette catégorie sociale de la société, le RN au pouvoir ne fera pas de grande différence pour vous, c’est évident. En revanche cela ne vous empêche pas d’aller voter contre:  voter pour protéger les autres.

Défaire ce que les précédents gouvernements ont mis en place, c’est la spécialité de l’extrême droite. Donc oui je vous l’accorde, la situation actuelle est loin d’être parfaite, mais ce qui nous attend s’ils arrivent au pouvoir sera encore pire. Faisons en sorte que l’Histoire ne se répète pas, car c’est déjà le cas dans de trop nombreux pays. N’ayons pas la mémoire courte, rappelons-nous nos cours d’Histoire, et ne refaisons pas les mêmes erreurs. Collectivement.

Votons les 30 juin et 7 juillet. Faisons reculer le RN. Montrons que nous sommes une France unie qui ne laissera pas la haine de l’autre envahir notre pays.

7 commentaires sur “Voter

  1. De ton texte je retiendrai surtout ça « Pour rappel, en tant que femme, il est d’autant plus important d’aller voter car ce droit nous l’avons obtenu qu’en 1944 en France, il y a moins de cent ans. C’est-à-dire que nos sociétés actuelles ont été construites qu’à partir des votes des hommes depuis des siècles. Cela en dit long sur le système de lois qui régit notre pays et des combats passés et actuels sur les violences sexuelles et sexistes, sur le contrôle de nos corps, sur les inégalités salariales« 

    C’est très juste et cela nourrit ma réflexion sur le sujet. Merci!

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