Hollywood prédit-il notre avenir?

Depuis maintenant quelques mois, Hollywood est en grève. La raison principale est la question de la rémunération des scénaristes et de l’usage de l’Intelligence Artificielle par les studios. Depuis le mois de juillet ce sont les acteurs et actrices qui ont rejoint la cause.

Et si Hollywood se met en grève, le monde entier devrait-il s’y mettre aussi?

Je ne suis pas vraiment une cinéphile, mais j’aime bien regarder un bon film de temps en temps. Et certains films m’ont marqué plus que d’autres car ils reflètent dangereusement notre monde actuel et futur. Voir des films dystopiques aujourd’hui, c’est un peu comme se préparer à l’avenir de demain.

Avez-vous vu (ou revu) Minority Report récemment, par exemple ? Film avec Tom Cruise, sorti en 2002, où des êtres humains mutants peuvent prédire les crimes avenirs grâce à leur don et où des agents arrêtent les humains avant qu’ils commettent leurs crimes. Tom Cruise fait partie des agents empêchant ces crimes, sauf qu’un jour, ces humains mutants prédisent que lui-même va tuer une personne qu’il ne connaît pas encore, dans les 36 heures. Et vous devinez donc la suite, car c’est un film avec Tom Cruise…

Sans que cela soit des humains mutants, j’ai envie de dire que cette ère où des machines peuvent prédire le comportement humain, ce n’est pas demain mais c’est déjà aujourd’hui. L’Intelligence Artificielle, peu importe dans quel objectif elle est développée, se nourrit de nos données au quotidien. Ces données qui sont enregistrées et stockées, non pas par nos gouvernements, mais par des sociétés qui ont développé cette technologie, le font avec notre accord et développent des systèmes complexes d’informations sur nos comportements humains. Le « problème » actuel, c’est que la quantité de nos données à ce « service » est tellement importante, qu’elle est déjà en mesure de reproduire, nos textes, nos voix, nos images etc. Cela part un peu dans tous les sens et sans aucun contrôle.

Si nous vivions dans un monde bienveillant, on se dirait : « Pourquoi pas ? ». Ces données permettraient de lutter contre le réchauffement climatique, guérir les maladies encore incurables, nourrir l’ensemble de la population mondiale etc.. Il n’en est rien. Ces données sont dans les mains de personnes qui n’ont pas été choisies par les populations et qui tendent à aller vers un scénario à la Minority Report, pour le « bien-être » des populations, tout en engrangeant au passage des sommes considérables… Advienne que pourra.

Minority Report est sorti il y a 20 ans. On peut dire que Spielberg avait eu du nez en matière de développement technologique et de comportements humains, non ?

Dans un autre registre, il y a la saga des Hunger Games avec Jennifer Lawrence, dont le premier volet est sorti en 2012. L’histoire d’une Amérique du Nord divisée en différents districts, dirigée par un gouvernement autoritaire à la suite d’une guerre civile. Cet état organise un jeu télévisé chaque année, où des jeunes, sélectionnés dans chacun des districts, s’affrontent jusqu’à la mort dans une arène (territoire réel et virtuel). Ces jeux doivent rappeler à la population, qui détient le pouvoir et qu’il est inutile qu’elle se révolte…

J’ai revu la saga récemment, donc avec dix ans de plus et j’ai compris de nouvelles choses. Ces « Jeux de la faim » sont en soi une version plus dramatique de nos téléréalités actuelles. Mais de nouveau, j’ai envie de dire: « Pourquoi pas ? ». Le système reste le même : on enferme des individus dans un endroit clos avec un objectif commun et on regarde comment ils s’en sortent…

En effet, la faim est l’arme de guerre la plus redoutable qui existe encore pour faire plier un Etat. C’est quand même fou, non ? Nous n’avons jamais autant produit de nourriture sur cette planète et pourtant les famines se multiplient et par conséquent les inégalités. Alors pourquoi ne pas enfermer des personnes et voir comment ils se comportent pour pouvoir survivre ? Dans la montée du voyeurisme et du besoin de sensations fortes, cela donnerait naissance à un Koh-Lanta de l’extrême.

Les films reflètent également cette différence d’accès à la nourriture, la technologie, l’exploitation des richesses etc. en fonction du district dans lequel on habite. Nous y sommes, non ? Les pays qui se gavent et les pays qui crèvent, pour faire simple… En plus, bien entendu de l’instigation de la peur, la violence, les restrictions et la répression par un gouvernement sur sa population jusqu’à… la Révolution.

Puis, un peu dans le même style, il y a la saga Divergente, qui a pour tête d’affiche, Shailene Woodley et dont le premier épisode est sorti en 2014. Ce film de science-fiction, décrit une société dans laquelle les individus sont divisés en fonction de traits de personnalités spécifiques. Chacun doit appartenir à un groupe et par conséquent contribue au bon fonctionnement de la société en place. Ceux qui n’entrent dans aucun des groupes (les divergents), doivent être éliminés.

Je vais ici grossir le trait, mais regardons comment nos sociétés fonctionnaient et fonctionnent encore aujourd’hui. Il faut cocher un certain nombre de cases, à un certain âge pour être reconnu socialement et professionnellement afin d’éviter au maximum l’exclusion. Il faut être en bonne santé, être éduqué, avoir un travail, être en couple, être jeune, etc. En soi, être jeune et productif, tout le temps. Aujourd’hui des voix s’élèvent pour briser les cases, mais souvent c’est pour en créer de nouvelles…

Nous sommes des êtres complexes (et non des machines) et nous limiter à un certain nombre de critères afin de pouvoir vivre sereinement en collectivité est une erreur. Mais les cases rassurent, voyez comment et pourquoi l’Intelligence Artificielle se développe à grande vitesse, pour une simple histoire de pouvoir, de contrôle et de « mise en case » de la population.

Et enfin, et de loin ce fût mon visionnage le plus intéressant quand nous étions tous confinés chez nous, le film de Steven Soderbergh intitulé Contagion, sorti en 2011.

Ce film relate une pandémie qui éclate à l’échelle mondiale, des premiers cas de contamination, aux mesures étatiques, à la bataille féroce des groupes pharmaceutiques pour la mise au point d’un vaccin, jusqu’aux comportements complètement irrationnels des populations (pillages de magasins etc.). Ce film là m’a vraiment fait froid dans le dos. Et pas besoin de développer sur ce sujet, car vous et moi nous avons tous vécus cette pandémie de près ou de loin…

Je n’ai pris que quatre exemples ici, mais j’aurais pu en prendre encore d’autres. Certains de ces films sont des adaptations de romans de différents auteurs, donc différents créateurs. Personnellement je trouve cela assez perturbant, dérangeant mais aussi fabuleux (voilà, mon opinion ne rentre pas dans une case), de voir que certaines histoires imaginées à travers le papier ou la production de films, deviennent à ce jour réalité (ou presque). Nous savons que tout auteur s’inspire de ce qu’il connait pour créer, donc ces réalités peuvent devenir possible. Ce sont des scénarios parmi tant d’autres.

Hollywood est un précurseur en termes de mouvements sociaux, nous l’avons déjà vécu avec le mouvement #MeToo. Et je me suis toujours demandée pourquoi ces hommes et femmes qui créent des histoires avaient un tel pouvoir d’influence sur nos sociétés. Puis quand on commence à regarder autour de nous, on comprend : les gens sont collés à leurs écrans à longueur de journée. Jeunes et moins jeunes, dans les transports, dans la rue, au travail et même pendant leurs vacances… Hollywood n’est plus seulement présent dans les salles obscures, mais se baladent avec nous, du matin au soir…

Donc si Hollywood est en grève à durée indéterminée, devons-nous nous attendre à l’éclosion de d’autres grèves dans d’autres domaines prochainement ?

Personnellement, j’espère que ce sera le cas.

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