Vous avez dit inflation?

Hier, samedi matin, je suis allée faire un tour en France pour faire un plein de courses. Depuis que j’ai la voiture et habitant à six kilomètres d’un énorme Leclerc, je vais faire un plein toutes les deux-trois semaines. J’aurais tort de m’en priver, car l’alimentation est 20 à 30% plus chère en Suisse comparée à la France. Et à l’heure d’aujourd’hui, cette différence existe toujours en plus de l’augmentation des prix malgré le fait que la France ait le taux d’inflation le moins élevé des pays européens qui était de 6% en juillet 2022. Pour la Suisse on tourne autour des 5%.

Mais l’inflation c’est quoi en fait ? Concrètement c’est une baisse de notre pouvoir d’achat qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix.

Sans être une spécialiste de l’économie, mais en comprenant quand même quelques rouages, les causes expliquant l’inflation actuelle sont nombreuses :

  • le résultat post-Covid de la politique monétaire de nos gouvernements qui ont utilisé la planche à billets pendant la pandémie pour éviter que nos économies d’effondrent ;
  • la guerre en Ukraine avec la pression faite sur les prix des matières premières fournies depuis des décennies par la Russie ;
  • le changement climatique et ses conséquences sur l’offre alimentaire (moins de produits disponibles, demande étant restée la même ou plus importante) ;
  • nos économies toujours plus dépendantes des unes des autres…
  • Etc…

Résultat, dans la vie quotidienne, on le sent dans nos assiettes et surtout sur nos comptes en banque ! Car comme pour la plupart d’entre vous, en Suisse également les salaires stagnent ou ne montent pas en conséquence, donc la part du budget consacrée notamment à l’alimentation et à nos déplacements grignote doucement mais sûrement les autres parts réservées à la santé, les loisirs, les voyages.

Hier, à Ferney Voltaire (département de l’Ain), on se serait cru en temps de guerre, ou du moins à l’approche d’un conflit ou d’une autre catastrophe type pandémie. Pourquoi ?

D’abord, en arrivant sur la zone commerciale, j’ai découvert que le prix de l’essence était largement descendue chez nos voisins, jusqu’à 1 euro moins cher qu’en Suisse ! Il y avait donc une queue incroyable à la station essence qui par conséquent provoquait un bouchon monstre pour rentrer sur le parking du centre commercial. Et oui, la plupart d’entre nous travaillant du lundi au vendredi, il n’y a en somme que le samedi pour pouvoir faire le plein d’essence surtout que c’est une station où il n’y a pas de paiement automatique à la pompe… Je présume donc que le gouvernement français a pris de nouvelles mesures pour aider ses concitoyens, ce qui n’est pas le cas dans le reste de l’Europe ou en Suisse (même si le débat est actuellement sur la table). Les suisses, donc, en profite.

Ensuite, après avoir traversé les allées du parking en long en large pour trouver finalement une place, j’ai pris un chariot et me suis préparée mentalement à ce qui m’attendait : le monde. Et le monde il y en avait tellement que certains produits avaient été dévalisés de quelques rayons (j’étais quand même arrivée avant 11h !) comme certains fromages, pâtes, sauces etc. Des chariots partout et bloquant l’accès aux produits, des enfants partout avec des parents stressés de les perdre, des queues pour se laisser passer les uns les autres… Juste incroyable!

Une fois que j’ai pu trouver la quasi totalité de ma liste de courses (et me retrouver nez à nez, ou devrais-je plutôt dire caddie à caddie, avec un ex à moi dans la cohue, mais cela c’est une autre histoire !) je me suis dirigée vers les caisses. Combien de temps pensez-vous que j’ai attendu mon tour pour payer mes courses ? Devinez ? 45 minutes ! Du jamais vu ! Les gens devant moi passaient avec des caddies de plus de 200 euros, j’ai été une petite joueuse à côté d’eux en passant avec 86 euros. Mais il y a six mois, pour les mêmes achats je m’en serais sortie pour 50-60 euros. Quand je regarde le détail des prix des articles, très peu commencent par zéro, nombreux commencent par le chiffre un, puis deux et trois euros et plus. Et donc imaginez en Suisse, c’est bien pire que cela…

Enfin, ce que j’ai remarqué dans cette sortie courses qui m’a quand même pris près de trois heures de mon temps hier matin, c’est que la population qui achète à la frontière française n’est pas la plus pauvre. D’abord elle possède une voiture pour s’y rendre. Puis j’ai vu des femmes qui se baladaient avec leurs sacs Louis Vuitton ou pochettes Chanel dans les rayons et sur le parking les voitures immatriculées Genève et Vaud étaient les plus nombreuses. Il y avait de la BMW, des Audi, des 4X4, et même une ou deux Tesla… Donc apparemment il n’y a pas de petites économies même chez les plus riches ou ceux qui prétendent être riches. Car au final, les ultra riches ne vont pas faire leurs courses eux-mêmes, mon esprit vient de percuter ce détail!

Outre le fait que je ne referai plus mes courses un samedi matin en France, voyons les choses en mode « vase à moitié plein ». L’inflation va s’installer durablement et nous n’avons aucune boule de cristal pour savoir quand les choses s’amélioreront pour nos porte-monnaies. Profitons donc de cette situation pour faire attention à ce que nous achetons, consommons, comment nous nous déplaçons (et au nombre de nos déplacements!) car ce sont des habitudes que nous devons prendre pour les garder durablement afin de sauver notre chère humanité. Ne vivons plus comme des enfants pourris gâtés en fait, avec aucune notion de la valeur des choses ou ne voulant/pouvant vivre sans restrictions. Cela ne sert plus à rien de nommer les responsables, nous les connaissons, et nous devons enfin faire preuve de résilience et surtout agir en conséquence. Et oui, même si une dissociation est à faire entre les riches et les pauvres, les entreprises et les personnes individuelles, au niveau des efforts à fournir, nous pouvons tous agir à notre niveau. Les plus petits ruisseaux forment les rivières, qui forment les fleuves etc. Créons à nous tous un modèle de consommation auquel les entreprises et les gouvernements n’auront d’autres choix que de s’adapter à nous… Utopique ? Peut-être. Mais l’espoir est un excellent moteur au changement.

Et vous de votre côté ? Avez-vous commencé à changer vos habitudes de consommation face à l’inflation ?

5 commentaires sur “Vous avez dit inflation?

  1. Pour le moment nous n’avons pas trop changé nos habitudes… On fait un tout petit peu plus attention aux courses mais ca me pousse aussi à ne pas acheter des bêtises en tout genre. Et encore, même en supprimant ces bêtises du panier, le prix final a quand même augmenté… C’est surtout pour cet hiver que je m’inquiète avec la hausse ahurissante du prix du gaz et de l’électricité au Royaume-Uni. Je travaille de chez moi 4 jours par semaine et je ne me vois pas travailler dans le froid. J’envisage d’aller un peu plus au bureau. Vu les projections des prix sur les factures, impensable de mettre le chauffage toute la journée et une partie de la nuit. Et pourtant nous avons de bons salaires avec mon copain, je n’ose pas imaginer l’angoisse des plus modestes… j’ai lu un article aujourd’hui, nombre d’écoles ne savent pas comment elles vont pouvoir faire face à l’augmentation des prix… Quelle triste époque

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    1. Oui nous sommes effectivement dans une triste époque…Je pensais effectivement à ne plus acheter de « bêtises » et éviter le gâchis alimentaire… Les plus démunis vont effectivement encore souffrir le plus. On ne sait pas à quoi s’attendre et j’espère que des solutions seront trouvées et que l’entraide sera présente. En suisse il y a une certaine indépendance énergétique mais les restrictions seront de rigueur – certaines entreprises ont déjà demandé à pouvoir faire recours au chômage partiel… J’ai un salaire correct mais je vis seule donc je sens déjà la différence par rapport à l’année passée…

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  2. Pour ce qui est des habitudes alimentaires, je privilégie le local depuis des mois et je fais de plus en plus moi-même, j’évite le superficiel, ce dont on peut se passer facilement avec mon fils.
    Je ne pense pas encore trop à l’hiver. L’entreprise dans laquelle je travaille commence déjà à plafonner les températures pour le chauffage en prévision. Il va falloir acheter des polaires avant que tout le monde se rue dessus!!
    Je crois qu’on devrait tous essayer à notre échelle de penser à ceux qui ont moins aussi. Car ce sont eux une fois de plus qui vont être lourdement impactés.
    Je me dis qu’on fera comme les autres. Et en lisant ton article je me dis aussi qu’en France on se plaint beaucoup mais que finalement nous ne sommes pas les plus mal lotis

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    1. Je suis tout à fait d’accord – et niveau alimentation je fais également la même chose ! Niveau électricité ma dernière facture a triplé cet été – donc j’attends de voir comment cela sera cet hiver… et oui il faudra penser/aider à ceux qui ont moins à commencer par les personnes autour de nous. Belle semaine et merci pour ton commentaire !

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