Entretien d’embauche

Cette semaine, j’ai obtenu mon premier entretien d’embauche depuis 4 ans. Un véritable entretien avec une véritable entreprise, pas un entretien en visio avec une boîte de recrutement comme c’est si commun ici. Bien que j’ai eu cet entretien grâce à une chasseuse de tête, je reste à ce jour encore choquée par ces 45 minutes passées dans le bureau du CEO d’une grosse fiduciaire de Genève…

Déjà, dans un premier temps, sachez que j’y suis allée comme cela, pour m’entraîner, donc pas de pression. Je me sentais clairement un peu rouillée pour me vendre après toutes ces années dans la même entreprise, donc je m’étais dit pourquoi pas? Je ne savais d’ailleurs même pas pour quel poste j’allais être interviewée. Un poste d’assistante certes, mais pour quel service ? Pour quel niveau de direction ? Aucune idée. Mais peu m’importait, c’était le fait de passer un entretien qui m’intéressait.

La préparation

D’abord, après une année passée chez moi à ne pas me bouger ni « m’habiller », il fallait que je me trouve de quoi m’apprêter. Les robes de tailleur dans lesquelles je rentrais sans problèmes il y a encore un an ont eu l’air d’avoir rétréci dans mon armoire, toutes seules comme des grandes… Au bout de quelques essayages j’ai dû m’avouer que j’avais pris du poids, ce qui était l’explication la plus logique : un peu de seins, un peu de ventre, un peu de fesses et un peu de cuisses, cela ne faisait plus du tout le même effet dans mes robes tailles 38 que je mettais sans soucis il y a encore quelques temps. Donc j’ai fait du shopping pour l’occasion, cinq robes en deux heures de temps, soit une optimisation maximale de mon temps shopping pour les deux prochaines années.

Une fois la robe, la veste et les chaussures trouvées, je me suis mise à me regarder un peu le visage et les cheveux. La trentaine passée, non fumeuse, non buveuse, le visage est pas mal, mais les cheveux… Il y a eu depuis deux ans une multiplication de cheveux blancs sur ma tête dont deux grosses mèches de chaque côté de mon crâne en l’occurrence, ce qui me fit prendre la décision que je ne m’attacherai pas les cheveux le jour J, faute d’avoir le temps de passer chez le coiffeur avant!

Ces futilités superficielles passées, j’ai commencé à me renseigner sur la société et je vis sur leur site internet qu’ils cherchaient actuellement dans chaque service un collaborateur. Mauvais signe… Mais sinon le site internet était moderne, clair, et la société genevoise possédait des filiales au Moyen-Orient et en Asie ce qui lui donnait donc un aspect international qui me plaisait bien.

L’entretien

Le jour J, j’arrivai devant le bâtiment et j’attendis trois plombes que l’ascenseur arrive pour me décider au final de monter les cinq étages au pas de course pour arriver pile à l’heure. En Suisse, on ne plaisante pas avec la ponctualité ! Je demandai à la réceptionniste si l’ascenseur fonctionnait et elle me dit : « Non, y’ a eu un incendie ce week-end au 7ème étage » et là je lui répondis alors dans ma tête : « Et personne n’a eu l’idée de mettre un papier en bas mentionnant que l’ascenseur ne fonctionnait pas ? Superbe accueil pour vos clients ! ». Mais c’était mon côté opérationnel de l’hôtellerie qui ressortait. Comme quoi, on ne se refait pas!

Après quelques minutes d’attente donc, je suis reçue dans le bureau du CEO. Bureau où régnait un chaos sans nom et où je m’assis en face de lui pour commencer l’entretien. Il tenta d’imprimer mon CV et son imprimante ne fonctionnait pas. Il n’appela personne pour y jeter un coup d’œil, il tapa juste dessus pour tenter de la faire redémarrer. « Bienvenue, bienvenue », je me répétai alors dans ma tête. On passa ensuite aux questions.

Première question : « Quel est votre statut marital et avez-vous des enfants ?» Ce à quoi je suffoquai presque et lui répondis avec hésitation. Il me dit justement que j’avais hésité : « Pourquoi ?»  Bien, parce que votre question cher CEO, est illégale et que je devrais prendre juste mon sac et partir maintenant !

Puis passant sur les questions qualités/défauts, je me trouvais beaucoup de qualités et peu de défauts et ça le dérangeait. Au point où un blanc s’installa et où j’essayai de me trouver un défaut qui ne puisse pas être mal interprété et je lui dis : « Je peux être proche de mes émotions. Si quelque chose ne va pas, cela se voit directement sur mon visage ou dans le ton de ma voix » et à cela j’ai eu droit : « Est-ce que vous pleurez sur votre lieu de travail ? ».

« Heu…. » Vu que j’avais craqué complet deux semaines auparavant au bureau, je me revoyais en larmes derrière mon ordinateur ne pouvant plus m’arrêter… Donc je mentis et lui répondis : « Non ». Non, sur lequel il continua par un : « Bien. Car on a eu une assistante dernièrement qui pleurait tous les jours à son bureau, et au bout de quelques semaines je lui ai dit de partir ». Bien. Rassurant, non ?

Puis il me raconta qu’il avait énormément de turnover dans sa boite, que les jeunes étaient tous des cons et ne savaient pas travailler et que le poste d’assistante n’était pas pour un service, mais pour TOUS les services. Il me proposa également moins de salaire que ce que j’avais actuellement. Cela me donnait donc extrêmement envie de travailler pour lui, comme vous vous en doutez.

Conclusion

Mais qu’est-il arrivé au monde du travail ? Dites-moi que c’est un loupé et que la majorité des boites et directeurs/directrices ne sont pas comme cela ! Que le fait d’être une femme sans enfant passée la trentaine avec une dizaine d’année d’expérience ne m’empêchera pas de trouver un poste qui me convienne ! Que mon utérus, mon âge et mon expérience ne seront pas un frein à une intégration respectueuse au monde du travail. Car quand je vois les annonces, les fiches de postes, je me dis : « Mais vous vous foutez de qui ? » Savoir parler trois langues dont une rare, être à la réception de l’entreprise tout en ayant un profil comptable ou RH pour un 50% et être payée une misère…  Et j’ai même vu cette semaine que Ernst & Young embauchait une assistante de direction à 35% ! Economies. Economies. Economies.

Y-a-t-il que moi qui vois qu’il y a un problème quelque part ?

Les entreprises sont en position de force, les directeurs d’entreprises se remplissent les poches au détriment du respect du salarié. Je sais que c’est le monde dans lequel on vit et que je ne peux pas faire justice toute seule, mais cela me dégoûte. Aujourd’hui cela me dégoûte.

Donc peut être qu’il est vraiment temps que je mette un coup de pied d’accélérateur sur mes projets afin que je devienne mon propre CEO, le CEO de ma vie! Ou peut être qu’il faut que je prenne une véritable pause de quelques mois pour retrouver foi en notre système et trouver une place qui me corresponde.

Courage à moi, courage à nous! 🙂

2 commentaires sur “Entretien d’embauche

  1. Retrouver foi dans notre système ???? Outre que ça risque d’être TRÈS difficile, ce n’est certainement pas la bonne voie… Et chacun ne peut pas devenir CEO de son petit projet… Par conséquent, changer le monde , changer nos façons de faire, refuser l’innommable, inventer des projets solidaires qui remettent les relations humaines au cœur de tout… facile à dire et difficile à faire ( ma génération y a finalement échoué, après quelques belles années de rêve éveillé…), mais partout des gens se lèvent – jeunes et même très jeunes, quadras, vieux de la vieille… – pour refuser les diktats des multiples CEO qui polluent nos existences et inventer un autre monde!
    Allez, courage, ne lâchons rien, patience et détermination …

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