La Finlande: la nation la plus heureuse du monde

Aujourd’hui j’ai cherché un sujet d’actualité sur lequel écrire qui sorte du thème du COVID-19 mais mission quasi-impossible. Quasi-impossible de savoir si le chantage que la Turquie a lancé à l’Europe il y a deux semaines par rapport à ses frontières et aux migrants est toujours d’actualité, si les conflits à Idleb en Syrie font toujours rage ou si encore il y a eu des morts lors du séisme du 21 mars 2020 en Grèce ? Décidément, c’est vraiment chacun chez soi. Chaque pays sauve sa peau et se focalise sur lui-même ou ce que fait son voisin, pas plus loin.

Mais voulant quand même faire un lien avec l’actualité et étant actuellement en Finlande, pays qui a été réélu pour la troisième fois consécutive « pays le plus heureux du monde » vendredi dernier (le 20 mars 2020), je vais essayer de donner quelques réponses aux questions que l’on me pose souvent: Pourquoi la Finlande ? Qu’est-ce que les finlandais ont de plus que les autres nations ?

Arrivée in-extremis à Helsinki vendredi dernier et ayant pour consigne d’avertir mon boss en ces circonstances particulières, il m’envoie un message me disant:  « Décidément, vous choisissez bien vos pays ! » avec cet article à lire.

En effet, la Finlande, le Danemark et la Suisse sont sur le podium en 2020 et cela ne m’étonne pas vraiment…

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Ce rapport est un outil que l’Organisation des Nations Unis utilise depuis 2012 afin de mesurer les critères qui font qu’une nation soit plus heureuse qu’une autre. Les premiers critères qui viennent en tête naturellement sont forcément la sécurité, les infrastructures, les prestations de l’Etat concernant la santé, l’environnement… Forcément, dans ce classement les perdants sont les pays comme le Soudan du Sud et l’Afghanistan pour cette année. Est-ce que d’ailleurs la Syrie a fait partie des échantillons relevés ? Car seulement 156 nations participent à ce rapport sur 193.

Quel est donc le critère essentiel qui ferait d’une nation, une nation plus heureuse qu’une autre ? Et bien se serait la confiance. La confiance en l’Etat (peu de corruption, impôts correctement investis dans les structures collectives, gratuité de soins…) et la confiance les uns dans les autres ce qui réduirait considérablement l’inégalité. Les amendes par exemple ici en Finlande sont calculées en fonction des revenus des individus. Une infraction pourra donc coûter 20 euros à une personne au chômage et quelques milliers d’euros à un millionnaire. Système que je trouve très juste car cela ne permet pas aux riches d’être au-dessus des lois, tout le monde est à la même enseigne. Et à l’heure d’aujourd’hui, étant finlandaise mais ne vivant pas dans le pays, si j’ai besoin de soins, je serai prise en charge. Car une fois assurée ici, on l’est à vie.

Mais ce qui n’est pas forcément mentionné dans tous les articles de journaux, c’est que la population finlandaise possède une énorme force qu’ils appellent humblement « sisu », mot qui n’existe pas en français mais qu’on pourrait résumer par « force intérieure », « courage » ou encore par « résilience ». C’est, comme l’explique l’auteure Joanna Nylund, « la détermination inflexible, la résistance à l’épreuve, le courage, l’intrépidité, la ferme volonté, la ténacité et l’énergie endurante », ou encore « un état d’esprit qui tend à l’action », qui se contente de « laisser parler ses actes ».

Les finlandais croient et pratiquent ce « sisu » comme une religion. C’est un mode de vie et une manière de voir le monde qui font qu’ils traverseront les épreuves d’une manière très pragmatique et arriveront même à en plaisanter par la suite.

Mon meilleur modèle a toujours été ma grand-mère. Demain d’ailleurs, cela fera un an qu’elle nous aura quitté. Née en 1929, elle a grandi dans le centre de la Finlande au temps de la guerre, à la ferme avec 4 frères et sœurs. Elle rencontre à l’âge de 21 ans mon grand-père qui a 11 ans de plus qu’elle, acteur de théâtre, veuf et père de deux enfants. Ils décident de s’installer dans le sud de la Finlande, où elle est embauchée en tant qu’aide-soignante dans l’hôpital psychiatrique le plus grand de Finlande où elle fera toute sa carrière. Mais très vite à 24 ans, après la naissance de mon père, mon grand-père devient alcoolique, violent et trompe ma grand-mère. Elle décide alors dans les années 1960 de demander le divorce. Le divorce ? Une femme ? Les années 1960 ? Et bien elle a dû prouver devant un tribunal que mon grand-père la trompait avec la petite culotte de la fille en question (et en plus elle était mineure). Ayant obtenu le divorce, elle a pris sous son bras ses trois enfants (dont deux qui n’étaient pas à la base les siens), a pris un prêt à la banque et a acheté un appartement qu’elle a remboursé pendant plus de 20 ans avec son seul salaire d’aide- soignante. Plus tard, lorsque les enfants étaient partis et qu’elle a voulu refaire sa vie, un attentat a eu lieu chez l’homme qu’elle aimait, une bombe avait été placée dans sa boite aux lettres et l’homme est mort sur le coup. Puis, en 2002 sa fille adoptive décède puis son propre fils en 2010 à l’âge de 58 ans. Concernant sa santé, je la fais courte, mais elle a eu lors des 15 dernières années de sa vie, 5 embolies pulmonaires, de gros problèmes de circulation sanguines etc. Pas un seul médecin ne lui donnait une année à vivre à chaque fois qu’elle rentrait des urgences, elle en a vécu 20 supplémentaires… Et vous savez quoi ? Je l’ai toujours vu sourire et rire. Jusqu’au bout. Si cela ce n’est pas de la résilience ? Ma grand-mère, mon héroïne.

Le bonheur ne serait donc pas une histoire d’argent, ni de bonheur conjugal mais de résilience face à ce que la vie nous amène comme défis. Ni négatif, ni positif, seulement REALISTE. La Finlande n’est pas exemptée de malheurs, elle sait juste les traverser avec calme, humilité et pragmatisme. Elle ne pratique pas la dictature du positivisme mais affronte avec transparence ce qui lui arrive. Il suffit juste de voir comment le gouvernement agit face au COVID-19, informe sa population et comment cette dernière  soutient son gouvernement, respecte sans discuter les mesures prises et met déjà en place des systèmes d’entraide nationale pour limiter les dégâts.

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2 commentaires sur “La Finlande: la nation la plus heureuse du monde

  1. Très intéressant ton article, je viens de découvrir le sisu, c’est une très belle leçon de vie, on devrait prendre comme exemple d’ailleurs.
    Merci pour ce partage qui permet à la réflexion.

    Aimé par 1 personne

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