Je pleure, et alors?

Cette semaine je me suis un peu interrogée sur l’action de pleurer. Mais pourquoi donc ? Et bien sûrement parce que je pleure depuis aussi longtemps que je me souvienne et que ces dernières semaines je l’ai fait assez régulièrement mais pas pour les mêmes raisons. J’ai pleuré de joie, j’ai pleuré de douleur physique, j’ai pleuré de tristesse, j’ai pleuré de fatigue. Un beau panel d’émotions qui amène à la même action, celle de pleurer.

Alors qu’est-ce que pleurer ?

En allant chercher la définition chez ce cher Larousse, je me suis retrouvée un peu surprise face à toutes ces définitions. Pleurer c’est donc :

1. Laisser des larmes s’échapper, en parlant des yeux. Ex : J’ai l’œil qui pleure, je dois avoir une bestiole dans l’œil.

Ok, mais les larmes peuvent-elles venir d’ailleurs que les yeux ??

2. Emettre un son plaintif et prolongé. Ex : le vent pleurait dans les branches.

Là, c’est chercher loin dans la métaphore littéraire, non ? Mais l’image est claire.

3. Se lamenter, s’apitoyer sur quelque chose, quelqu’un. Ex : pleurer sur son sort.

Cela se tient. Nous avons tous au moins une personne comme cela dans notre entourage.

4. Laisser échapper de la sève après la taille, en parlant des arbres et de la vigne.

Donc nous ne sommes pas les seuls êtres vivants à pleurer. La nature le fait aussi. C’est intéressant non ?

Et enfin, la plus pertinente pour cet article :

5. Répandre des larmes, sous l’effet de la tristesse, de la douleur, d’une émotion. Ex : Pleurer de rire, de tristesse, de douleur.

C’était la première définition qui m’était venue en tête.

Pleurer est le reflet d’une émotion

Comme nous le savons, nous sommes des êtres de corps et d’esprit, mais plus récemment nous apprenons que nous sommes aussi des êtres d’émotions. L’émotion est l’expression d’un sentiment, quel qu’il soit qu’on nous demande de plus en plus d’exprimer. En tant qu’adulte, nous avons tendance à cacher nos émotions par protection ou par habitude. Enfant, souvenez-vous, nos émotions étaient complètement libres, il n’y avait aucun filtre. D’ailleurs l’effet que peut avoir sur nous les pleurs ou les rires d’un enfant sont souvent déconcertants. L’enfant se laisse aller à ses émotions sans barrières, jusqu’au jour où on lui dit d’arrêter : « Arrête de pleurer, cela n’en vaut pas la peine! », « Ne pleure pas, tu es une grande fille maintenant !» ou en se moquant : « Bien. Pleure, tu pisseras moins ! » etc… Alors qu’au final, c’est une expression de l’être humain tout à fait légitime.

C’est un peu comme un système de défense du corps contre un sentiment : qu’il soit positif ou négatif, il faut l’évacuer sinon on risque d’exploser. Tout le monde adore pleurer de rire mais personne n’aime pleurer de tristesse. Mais dans les deux cas, une fois que c’est fait, le corps et l’esprit se sentent soulagés c’est un peu comme un antalgique naturel.

Les autres, quand ils pleurent

Assumer le fait de pleurer est une chose, assumer que les autres en face de nous pleurent en est une autre. Pourquoi c’est si dur de voir quelqu’un d’autre pleurer ? Je me souviens des premières fois où j’ai vu mes parents pleurer. Atroce. Etant enfant, j’ai eu très peur. Ces êtres que l’on croit parfaits et surtout forts n’ont tout simplement pas le droit de pleurer! Ils deviennent soudain des êtres « faibles » et « imparfaits ». Chose que l’on ressent justement lorsqu’on nous dit de nous arrêter de pleurer : « Je suis faible, je suis imparfaite ». Il y a ce sentiment de malaise d’abord, puis de prise de distance après, pour enfin comprendre que nos parents sont au final des humains comme les autres et qu’ils ne font pas exception. Voir les autres pleurer nous ramènent à nos propres sources de pleurs. C’est un peu comme un effet miroir sur notre propre douleur.

Et comment devons-nous réagir alors ? Souvent, ceux qui assument de se laisser aller à leurs émotions sauront consoler la personne qui pleure. En tant que femme, j’ai remarqué que nous avons tendance à savoir maîtriser ce point-là. Nous n’hésitons pas à aller consoler l’autre, par des mots, par des gestes et surtout sans jugement.

En revanche en tant qu’homme, c’est souvent une source de malaise. Et là, je vais décrire simplement ce que je vois autour de moi.

Ils ignorent la situation, la fuient, ne savent pas comment réagir ou disent tout simplement à l’autre : « Arrête de pleurer, cela ne sert à rien ». D’ailleurs, quand un homme pleure on le traite souvent de « femme » d’une manière très péjorative. Mais pleurer n’est pas une faiblesse, mais bien une force: celle de savoir évacuer, d’être à l’écoute de son corps. Car a contrario, si on n’arrive pas à pleurer du tout, c’est que notre système émotionnel est bloqué. Mais je présume que ces comportements changeront avec les futures générations d’hommes. Du moins, je l’espère pour eux.

Pleurer est donc une action naturelle du corps sur ses émotions. Sachant cela, nous devrions accueillir ces larmes quand elles viennent sans culpabilité, qu’elles soient les nôtres ou celles des autres. Si nous adorons partager ces moments de grandes joies, nous devrions aussi savoir assumer ces moments de grandes peines. Nous sommes humains ne l’oublions pas, et lâcher prise passe entre autres, par lâcher des larmes de temps à autre.

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Un commentaire sur “Je pleure, et alors?

  1. Tout à fait d’accord sur tous les points. Nous devons tous exprimer nos émotions librement. C’est pour cela que beaucoup de personnes peine à avancer et de retrouvé coincées dans des moments de leurs vies. Plus jeune, je me refuser de pleurer parce que c’est ainsi que j’avais été éduquée. Mais au fil du temps, j’ai appris à me laisser aller, et ce n’est absolument pas une preuve de faiblesse mais de force 🙏🏾

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