Les femmes s’installent dans les rues de Genève

Le mouvement #MeToo qui a pris naissance il y a maintenant bien trois ans a entraîné le début d’une révolution remettant en cause les bases mêmes sur lesquelles nos sociétés se sont construites : celles du patriarcat. La domination de l’homme sur la femme date de la nuit des temps. Changer cela en l’espace de quelques années est clairement une utopie. Bien que les choses changent dans ce sens depuis le siècle dernier, il faudra bien un siècle supplémentaire pour ancrer une véritable parité. Il n’est pas question de vengeance, mais de l’obtention d’une égalité de droits : le droit à l’éducation, le droit à la contraception, le droit au travail, le droit à l’égalité salariale et surtout le droit de dire « non ».

Comment faire changer nos mentalités ainsi que le fonctionnement des organisations étatiques pour que nous tendions plus à cette égalité de droits ?

Et bien la ville de Genève se renouvelle autour de ces principes en donnant de la visibilité aux femmes dans son espace public.

Les nouvelles meneuses de rues

Dans le canton de Genève, 548 rues portent le nom d’hommes contre 41 des noms de femmes. La règle dans le canton pour mettre un nom sur une rue est d’avoir marqué d’une manière pérenne l’Histoire et d’être décédé depuis plus de 10 ans. A croire donc que ce ne sont que les hommes qui ont fait l’Histoire ?!

L’Escouade, collectif féminin, qui a été créé en 2017 a donc mis en place ce projet de féminisation des rues. Elles ont trouvé sans difficultés, 100 femmes (https://100elles.ch/) qui ont fait l’Histoire et qui méritent donc de trouver leur place dans les rues de Genève. 20200119_115220Des plaques roses ont donc été ajoutées sous les plaques déjà existantes mentionnant ces femmes. Je suppose par la même occasion que lors de la construction de nouveaux quartiers, la manière d’attribuer le nom des rues changera également en respectant cette parité. Et bizarrement, on se demande qui sont ces : Julia Chamore, Albertine Necker de Saussure, Louise Sarasin ou encore Elise Cabosel ? Et bien elles sont soit journalistes, ouvrières, entrepreuneuses, femmes politiques, artistes, militantes et ayant vécu à Genève !

Honneur aux femmes durant la fête nationale suisse

La fête nationale (1er août) l’année passée a ainsi mis la femme en valeur partout dans la ville et plus particulièrement au Parc des Eaux-Vives. De la présentation justement de ces femmes qui ont fait l’Histoire de Genève par le collectif l’Escouade, aux projections de courts métrages ou encore au clitoris géant gonflable pour le grand bonheur des topelementenfants… Tout un symbole pour une fête nationale, non ? Imaginez un 14 juillet en France avec à la place d’un défilé militaire masculin et un bal des pompiers une mise en valeur de la femme sous toutes ses formes ? Des explications sur le plaisir féminin, sur l’excision, sur les inégalités dont elles sont victimes partout dans le monde, et sur toutes celles qui ont ouvert la voie à la révolution que nous connaissons à l’heure actuelle. Car en y réfléchissant bien, l’Histoire de notre humanité a été écrite par des hommes. Pourtant les femmes l’ont faite aussi. Et où sont-elles dans les livres d’Histoire ? Pourquoi ne sont-elles pas ou si peu mentionnées? Et pourquoi d’ailleurs ne mettons nous en avant que ces empereurs, rois et dictateurs ? Qui a décidé de leur accorder une telle place dans nos livres d’école ? L’Histoire des hommes par les hommes… Histoire qui malgré tout ne tire pas ses enseignements et se répète…

Les nouveaux panneaux de signalisation

Enfin la nouveauté de ces derniers jours est que la ville a décidé de féminiser des panneaux de signalisation pour lutter contre un « sexisme ordinaire ». La moitié des panneaux de la ville va être remplacée. On pourra voir désormais des panneaux ne représentant qu’une ou des femmes et sans hommes. Elles seront actives, enceintes, âgées, ou encore en couple. A la tête de cette initiative la Maire de Genève, Sandrine Salerno.

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Alors certains diront que c’est aller trop loin ou que c’est simplement pour répondre à un effet de mode. A contrario, je pense que c’est comme cela qu’une révolution commence : si la femme devient visible dans l’espace public il sera plus difficile de l’exclure de ce dernier…

On peut percevoir la ville de Genève de différentes manières. Ses détracteurs diront que c’est  la planque des fonctionnaires internationaux, le refuge des plus gros butins de guerres ou encore la source du financement du terrorisme internationale. Mais à l’heure d’aujourd’hui, je vois juste une ville qui a le privilège d’être la place centrale des plus grandes institutions internationales et qui prend des initiatives pour que le monde tende vers une plus grande égalité hommes-femmes. En ayant un peu d’espoir, elle pourrait donner des idées à tous ces hauts dirigeants, hommes d’affaires et humanitaires, qui viennent régulièrement en pourparlers dans notre petite ville afin d’initier des actions semblables lors de leur retour chez eux.

Et vous, qu’observez-vous autour de vous? Y-a-t-il du changement dans l’air?

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